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Articles de catherinerobert68

  • Grouillements (G.-J. Arnaud)

    Lisa, jeune professeur, ne peut s'empêcher de craquer pour Loïc en qui elle retrouve le portrait craché d'un amour de jeunesse. Incapable de résister à l'atrait du jeune garçon, ils entament une liaison. Mais Loic n'est pas juste cet amant merveilleux, pas plus que sa famille n'est ce qu'elle prétend. Qui sont-ils ? Et pourquoi toutes ces larves apparaissent-elles sur leur passage ?

    Un roman plaisant malgré certains défauts. Lisa est par exemple bien trop rapide à comprendre ce qu'est Loïc, tout autant qu'elle est trop rapide à l'accepter. En fait, la crédibilité de l'histoire est limite, mais en dépit de ça, j'ai aimé ce récit. Les personnages sont plutôt attachants et l'idée de base - ces êtres millénaires bouffés par des vers perpétuellement - est assez originale. Pas hyper gore, et  même un peu fleur bleue par moment, le roman réussit pourtant à rester intéressant.

  • Catégorie "Inédits"

    Pas d'article, mais une petite mise en avant de ma catégorie "Inédits". Dans cette section, je poste des petits textes courts ou des poèmes. De façon sporadique, quand j'en ai envie. J'en ai remis un nouveau hier, j'en profite pour vous diriger par là.

    http://catherine-robert68.e-monsite.com/pages/inedits.html#page1

  • Le labyrinthe de Pan

    Ophélia, accompagnée de sa mère enceinte, rejoint son beau-père, le capitaine Vidal dans une base militaire à l'époque de l'Espagne franquiste. Rêveuse et solitaire, la petite fille découvre un labyrinthe où elle rencontre un faune qui lui apprend qu'elle est la princesse exilée sur terre d'un royaume magique. Pour récupérer sa place dans son monde d'origine, elle devra accomplir trois épreuves. Tandis qu'autour d'elle la lutte entre soldats et maquisards se poursuit dans le sang et la torture, Ophélia réussit sa première épreuve, mais échoue à la deuxième. Sa mère, elle, accouche d'un petit garçon, et meurt en couche. Ophélia est maintenant seule face à la violence des hommes, mais aussi face au peuple merveilleux pas si innocent que ça.

    Un film noir et cruel, d'une beauté et d'une poésie rare, mais sombre. Nous ne sommes pas, dans cette hstoire, dans un  joli cnnte de fées. Les hommes se battent, le capitaine Vidal est un monstre de cruauté, les sacrifices demandés à l'enfant sont de plus en plus durs. Un film qui marque les esprits et qui ne s'oublie pas.

  • Greta par Naëlle

    Naëlle sur l'écritoire des ombres me gratifie d'une très jolie critique. Merci beaucoup.


    Très bonne lecture que cette Greta ! Une fois qu'on a commencé, difficile de s'arrêter : malgré toutes les horreurs infligées et subies (je dois avouer que le moment où Greta doit lâcher un étron dans la bouche d'un pervers de client m'a bien bien dégoûtée !), tout s'enchaîne de manière tellement fluide, rapide et implacable que poser le livre ne nous vient même pas à l'esprit. Tout au long de ma lecture, j'ai beaucoup pensé à 1984, de George Orwell. La geôlière devient prisonnière, et tous les sévices subis ont pour but de faire entrer dans le crâne de Greta qu'elle n'est rien, qu'elle ne vaut rien, que sa vie n'a aucune importance. On est avec elle du début à la fin, et on ne lui en veut pour rien : elle tente seulement de survivre. Une fois arrivée à la fin du roman, j'ai d'abord été frustrée qu'on ne sache pas qui était derrière ce système, que Greta ne crame pas tout pour se venger. Et puis en réfléchissant un peu, je trouve que la fin est très bien : quelque part, on atteint le summum de la torture, et c'est le franchissement de cette ligne rouge sang qui redonne à Greta son humanité.

    P.S. : Catherine Robert, dans Greta, elle tue même des chiots et des chatons. Si ça, ce n'est pas le comble de l'horreur ! affraid

  • Les maisons suspectes et autres contes fantastiques (Thomas Owen)

    Court recueil de nouvelles, pas désagréable à lire. Suite de scénettes rapides naviguant entre fantastique léger et tranchettes de vie. Peu de choses à en dire au final, si ce n'est que ce fut plaisant à lire à petites doses. Un très court commentaire donc, mais parfois, faut s'en contenter.

  • Dimension TRASH par Ninik

    Une nouvelle chronique de Dimension TRASH. Avec un joli petit commentaire sur "Je suis méchante" qui me fait très plaisir.


    Le but de Dimension Trash n'est pas que de proposer une série d'histoires d'horreur extrêmes. Trash fait en effet autant référence au côté sanglant et sauvage des récits qu'à cette petite maison d'édition qui se proclame ouvertement descendante de la Collection Gore de chez Fleuve Noir. Cette dernière offre aux amateurs, depuis quelques temps, des livres qui sont tout autant de dignes descendants de Gore que possédant leur identité propre. Dimension Trash se veut ainsi un joli pont entre Gore et Trash Editions, et le prouve avec les noms convoqués pour participer à l'aventure. Ainsi, David Didelot, auteur d'un ouvrage décortiquant la mythique collection Gore de Fleuve Noir, s'occupe de la préface, et explique de manière passionnante ce qui anime Rivière Blanche ici, et parle avec pertinence de Gore et de Trash. Indispensable, autant pour les connaisseurs que pour d'autres qui découvriraient. 
    Passé cette introduction, de nombreux auteurs, certains œuvrant chez Trash, d'autres étant d'ancien du Gore (parfois des deux) proposent des textes plus ou moins courts, mais d'une rare cohérence, très peu étant oubliables. Parmi ceux-ci, Schweinhund, grand nom de Trash, est comme toujours convoqué à l'exercice, mais livre encore une fois des textes présomptueux, jouant tellement sur la forme qu'il en oublient le fond (comme dans son roman Bloodfist, seul ratage de la première salve de Trash Editions). 
    Christian Vilà surprend avec Splash ! Sous couvert d'une invasion extra-terrestre délicieusement immonde, il bascule sans prévenir dans une histoire de tueur en série vieillissant et complètement fou. Cette histoire ouvre le bal, et est emblématique de la démarche. En effet, les auteurs sont là pour écrire de l'horreur extrême, souvent sanglante, n'hésitant pas à ajouter de l'érotisme dérangeant au milieu de l'horreur et du sang, mais ils veulent aussi surprendre, déstabiliser, prendre le lecteur aux tripes et ne plus les lâcher. Dimension Trash est un ouvrage passionnant, à ne pas mettre dans les mains d'un lecteur sensible, mais l'amateur d'horreur extrême ne peut qu'adorer. 
    Brice Tarvel, connu pour ses thrillers violents, prend lui-aussi à contre-pied les attentes du spectateur, en positionnant, avecKotok, un personnage principal violent, tueur en série qui prend en stop une gamine dont il entend bien faire son quatre-heure. Là encore, difficile de ne pas écarquiller les yeux face au retournement de situation (que je ne peux décemment pas révéler) qui fait basculer l'ouvrage dans l'immonde et le malsain le plus sordide, la plume de Tarvel nous aidant à aller toujours plus loin. Sarah Buschmann avec Tranche de nuit opte pour un récit qui pourrait être classique (un tueur en série enlève une nana paumée, qui découvre qu'elle veut vivre et va tout faire pour s'en sortir) sans la conclusion, d'une ironie mordante, enlevant tout espoir au lecteur. 
    Tous les genres se retrouvent ici, le but étant de faire dans l'extrême. Nous avons beaucoup de thriller, bien entendu, mais Julien Heylbroeck, par exemple, propose du post-apocalyptique bien immonde avec Junkfood Rampage. Horreur post-nucléaire, cannibalisme et rats géants se mélangent pour créer une histoire qui repousse magnifiquement les limites, comme cette séquence de sexe entre infectés, l'auteur prenant un malin plaisir à décrire bubons et autres immondices couvrant le corps des participants. Brillant.
    Romain d'Huissier, qui aime les ambiances asiatiques, nous envoie avec La Veuve écarlate dans le monde des films de chevalier chinois, avec un mélange de fantastique, de torture-porn et d'érotisme sauvage avec une grande maîtrise et une superbe plume.
    Nelly Chadour s'en va explorer l'Histoire, et le fait sans concession, allant effroyablement loin dans l'horreur et le malsain, et pourtant, la fin de l'histoire ne peut laisser indifférent, entre surprise, consternation et horreur.
    Zaroff avec Zomb'short raconte 8 très courtes histoires de zombis, qui pourraient être connectées, contant la même invasion zombiesque de plusieurs points de vue, et arrive à changer d'ambiance dans chaque histoire, jusqu'à choquer le lecteur. Gilles Bergal, avec Nouvelle vie, parle lui aussi de zombie, mais de manière déstabilisante puisque le héros en est un, nouvellement créé. Le style s'adapte aux pensées de son personnage principal avec une grande intelligence et parvient à nous faire plonger dans sa psyché, mais n'oublie pas pour autant de surprendre, grâce à une fin ironique et déstabilisante. 
    Robert Darvel, déjà auteur de Nécroporno chez Trash Editions, offre une histoire délicieusement cinéphile, puisque ses protagonistes sont embauchées par l'auteure de 50 nuances de Grey pour tuer Joe d'Amato, en plein tournage de sonAnthropophagous. Les choses ne se déroulent pas bien, et finalement le couple engagé finira dans le film du réalisateur italien lors d'une séquence repoussant les limites de l'immonde en terme de torture. L'histoire, pleine de références pour l'amateur de cinéma d'horreur, va extrêmement loin dans le macabre, pour le plus grand plaisir du lecteur. 
    Parmi les autres surprises, Catherine Robert, avec Je suis méchante, raconte l'histoire d'une enfant qui découvre certaines pulsions malsaines. Le style est adapté à son personnage, mais, au-delà de ce côté faussement niais, le lecteur découvre une indicible horreur, une noirceur effroyable, et plonge dans la psyché de ce personnage jusqu'à une conclusion certes prévisible mais sans concession. Cette histoire, un des grands moments du livre, n'égale pourtant pas le meilleur morceau de l'ouvrage, écris parCorvis, membre des Artistes fous associés venu se compromettre dans le Trash et prouvant qu'il n'a rien à envier aux auteurs plus connus du roman. En effet, son Une heure à tuer est autant une histoire intelligente (la fin est pleine de surprise) qu'un morceau de torture porn effroyablement extrême (Grotesque, film d'horreur extrême qui avait voulu montrer que les Japonais maîtrisaient le torture-porn comme personne, à côté, c'est du Disney) qui mélange érotisme et violence malsaine en diable. L'histoire, écrite du point de vue de la personne torturée, est magnifique, plongeant le lecteur dans les pensées de cet homme violenté, les sévices sont malsains et intelligents, et ne reculent devant aucune abomination. Un grand moment qu'on peut difficilement oublier. 
    Dimension Trash est ainsi un magnifique recueil de nouvelles plein de surprise, de sang, de violence, de sexe. L'amateur d'horreur extrême ne peut qu'apprécier la démarche, et cela lui donnera envie de partir à la découverte de Trash Edition, empli d’œuvres aussi malsaines que les histoires contées ici.

    Et le lien qui va bien : http://theimaginarium.forumactif.org/t144p60-editeur-riviere-blanche

  • Freddy sort de la nuit

    Dans ce septième opus, qui clôt la série (même si un Freddy contre Jason et un remake du premier film sont sortis), changement total de décor et de ligne directrice. Fini Elm Street et la petite ville de Springwood, on se retrouve dans des studios hollywoodiens en compagnie d'acteurs prêts à tourner un nouveau Freddy. Heather Langenkamp qui joua Nancy dans les premier et troisième épisodes a reçu une proposition de Wes Craven pour reprendre son rôle. Elle hésite. Son mari, responsable en effets spéciaux est parti sur un tournage et elle a fort à faire avec son fils qui semble développer des symptomes inquiétants. L'enfant, en effet, rêve de Freddy et se protège comme il peut avec un jouet en forme de dinosaure. Bientôt, Chase meurt dans un accident de la route et Heather en vient vite à conclure que Freddy a à voir dans ce décès. Robert Englund, le charismatique interprête de Freddy, lui aussi semble souffrir de cauchemars et même Wes Craven paraît ne pas trop savoir où se situe la réalité. Heather acceptera-t-elle de redevenir Nancy et d'en finir avec Freddy. Freddy qui ne désire qu'une chose, revenir à la vie pour de bon et non dans un film.

    Grande originalité pour cette dernière salve. Ce film tout en étant un film d'horreur nous propose également une réflexion sur la création qui parfois, lorsqu'elle rencontre son public, échappe au pouvoir de son créateur . La création qui veut vivre sa vie à sa façon en dépit des désirs de celui qui l'a conçu. Le fond derrière le divertissement ajoute un réel plus à l'histoire et permet à Wes Craven de proposer peut-être la meilleure déclinaison de l'affreux croque-mitaine et de boucler la boucle. Après avoir réalisé le tout premier épisode, il en termine de manière géniale avec son personnage emblématique. Découvrir les acteurs jouant leur propre rôle est sympathique et différent. J'ai beaucoup aimé cette façon d'en finir avec la franchise.

  • Dimension TRASH par Sébastien

    Une belle critique de l'anthologie.


    Nostalgie, nostalgie. Impossible d'évoquer les années 80 sans avoir un souvenir ému pour la mythique collection Gore.

    A une époque où l'horreur moderne commençait à peine à rentrer dans les mœurs, voilà que Fleuve Noir jetait un sacré pavé dans la mare éditoriale française, inondant les librairies et les stations-services de livres de poches bon marchés, ornés de couvertures répugnantes (et d'un logo baveux reconnaissable entre tous) qui, à raison de deux titres par mois, firent les plaisirs coupables des lycéens qui se les échangeaient en cachette entre deux VHS de Zombie ou de Cannibal holocaust.

    En marge du succès plus mainstream d'un Stephen King, Gore revendiquait fièrement l'amour du sang et de la tripe à l'air, au grand dam des parents d'élèves et de la critique, fustigeant le mauvais goût assumé des contenus autant que les mises en formes (mauvaises traductions, manuscrits parfois mutilés...), griefs souvent justifiés, il faut bien le dire. Considérée par certains amateurs eux-même comme le fond du panier, la création de  Daniel Riche fit néanmoins son petit bonhomme de chemin, avec plus d'une centaine de titres entre avril 1985 et juillet 1990, date à laquelle le public s'en détourna définitivement pour lui préférer une forme de fantastique plus respectable.

    L'horreur, on le sait par bien des exemples, n'a jamais marché en France. C'est donc dans ce vide sidéral que la défunte Gore s'est imposée avec le temps et presque par défaut comme l'une des tentatives les plus marquantes dans le genre, donnant une (relative) notoriété à des auteurs bien de chez nous comme Corsélien, Joël Houssin, Michel Honaker et bien d'autres. On commençait à peine à déceler une authentique spécificité nationale, détachée peu à peu du modèle dominant anglo-saxon, et qui citait Simenon, Bataille, Céline ou Sade comme modèles à suivre. Restait que, privés de la maison-mère, on était en peine d'intégrer à un courant fort tous ces créateurs marginaux, désormais dispersés aux quatre vents ou sombrant dans l'oubli.

    La création de Trash éditions en juin 2013 est venue combler un manque. Reprenant les affaires là où Gore les avait laissées, cette nouvelle et incroyable collection en radicalise la démarche. Même logo, même format, même cahier des charges mais pour une qualité bien supérieure, à la fois dans la forme et dans le fond, même si le but reste identique : faire vomir le lecteur à coups de romans infects pulvérisant tous les tabous en matière de bienséance. Sauf que depuis les années 80, la donne a changée. Les nouveaux auteurs ne donnent plus dans l'approximation mais ruent dans les brancards, abordant des thèmes jusque-là inédits et surtout déployant des audaces stylistiques que leurs prédécesseurs étaient loin d'atteindre. Trash éditions est ainsi devenu en à peine deux ans un laboratoire expérimental passionnant où se concocte une littérature monstrueuse et mutante, parfois fort éloignée des simples bouquins de gare d'autrefois.

     Et quelle meilleure entrée en la matière que cette superbe anthologie Dimension Trash. Publiée chez les amis de Rivière Blanche, transfuge de Fleuve Noir comme le nom l'indique, elle représente un panel exhaustif de l'écurie actuelle, présentant plus d'une vingtaine de nouvelles et autant d'auteurs. On y retrouve quelques vétérans de Gore comme Gilles Bergal, François Darnaudet, Charles Nécrorian, Patrice Lamare ou Christian Vilà et surtout pas mal de nouveaux, dissimulés derrière des pseudonymes pas possibles et dont certains précédents romans ont déjà marqués les esprits : Julien Heylbroeck (à qui l'on doit le fabuleux Pestilence), Zaroff (Night stalker) et même un certain Adolf Marx (Ha ha !) qui sous le nom de Janus avait livré avec Lumpen une des meilleures sorties de la collection. Alors, bien sûr, ces messieurs-dames ne donnent pas dans la dentelle. Ici, c'est viols de cadavres, dégustations de cerveaux et de viscères, supplices divers et variés, putréfactions et explosions d'organes décrites avec force détails chirurgicaux, le tout recouvert d'une couche bien épaisse de sexe déviant et de pornographie dégueulasse. Pas forcément le cadeau idéal pour la Saint-Valentin ou la fête des mères, donc. Mais ce qui frappe, c'est l'extraordinaire diversité des textes proposés, à la fois dans les tons et les genres : science-fiction, récit historique, hommage au cinéma bis, polar urbain, chronique sociale, littérature expérimentale post-Burroughs... Chaque plume apporte sa couleur particulière, avec parfois des moments de virtuosité confondants. En témoigne notre coup de cœur personnel : White trash, nouvelle signée Artikel Unbekannt & Schweinhund, sorte de foire aux atrocités ballardienne à la limite de l'abstraction, qui démontre si besoin était que le genre peut aller BEAUCOUP plus loin que le formatage actuel ne le laisse soupçonner. D'une manière générale, on peut trouver ici deux courants, l'un privilégiant une approche ludique et très série B (avec ici le savoureux hommage Killing Joe D'Amato signé Robert Darvel), l'autre au contraire une démarche réaliste et teintée de critique sociale (Christophe Siébert avec La vieille). A chacun d'y trouver son compte dans cet éventail qui dévoile, mine de rien, tout un pan insoupçonné de la fiction française. A ceux qui, depuis des années, cherchent en vain le Graal horrifique version camembert, on ne saurait trop recommander cette anthologie miraculeuse. Quant à ceux qui, tout simplement, s'ennuient à mourir devant la platitude et la morosité de nos consternantes rentrées littéraires, nous leur conseillons d'entrer, à leurs risques et périls, dans ces pages de chair et de sang. Ne cherchez pas plus loin : le meilleur est là.

    Sébastien

    Et le lien qui va bien : http://superflux-webzine.fr/lire/dimension-trash

  • Les maléfices du temps (Michel Rozenberg)

    Cinq nouvelles qui d'une certaine façon traitent du temps. Ainsi, dans le récit qui donne son titre au recueil, Dominique, pour avoir lu un livre interdit chez un étrange antiquaire, commence à vieillir de manière accélérée. Dans "Le temps d'aimer", Jeanne rejoint sa maison de vacances, pour la première fois depuis la mort de son époux, mais celui-ci n'a pas l'air de vouloir la laisser tranquille."A rebrousse-temps" nous propose un personnage en proie à d'étranges phénomènes où temps et espace se mélangent après la découverte du cadavre d'une petite fille accompagné d'une poupée abîmée. Dans "Les spectres du temps", le lieutenant Sanders enquête sur le décès de Marc Lefèvre, un vieillard solitaire et peu sociable. Grâce à des enregistrements et des lettres que le mort laisse derrière lui, petit à petit, le voile se lève sur une étrange histoire où passé et présent se mélangent. Dans "Le temps fissuré", Damien est obsédé par le récit qu'il est en train d'écrire et qui échappe à son contrôle pour se raconter à sa façon, tandis que des changements altèrent peu à peu l'environnement du jeune homme.

    Cinq nouvelles sympathiques autour d'un même thème. Une lecture vraiment plaisante, mais au final, elle ne me laissera pas grands souvenirs. Je pense avoir préféré, du même auteur, "Altérations".

  • La fin de Freddy : l'ultime cauchemar

    John Doe est récupéré amnésique par un centre pour enfants à problème. Il rêve de Freddy sans réussir à comprendre exactement de quoi il retourne. La psychiatre Maggie Burroughs, troublée par les visions de son nouveau protégé, décide de partir avec lui pour Springwood, accompagnée de passagers clandestins en les personnes de trois jeunes fugueurs. Sur place, ils découvrent une ville emplie de vieillards presque fous, obsédés par la peur de Freddy. John Doe, lui, craint d'être le fils caché de l'horrible croque-mitaine, mais tout n'est pas aussi simple, et Freddy recommence à tuer.

    Opus numéro six, un peu parodique comme le précédent, on est néanmoins un peu moins dans la carricature, ainsi c'est déjà plus plaisant. Malgré tout, je regrette le côté plus premier degré du début de la franchise. Néanmoins quelques idées originales permettent à cet épisode de s'en sortir agréablement.

  • TRASH par Sékateur

    Une belle chronique tout autant que rétrospective des dix-huit titres parus chez TRASH. Et pour garder le beau visuel de l'article avec les petites photo qui vont bien pour chaque roman, pour une fois, je ne fais pas un copier-coller, mais je vous file le lien :

    https://lapelliculebrule.wordpress.com/2016/04/12/trash-editions-dissequees-par-sekateur/

    Mais j'en fais quand même un de copier-coller, celui de la partie réservée à ma Greta :

    17 – Greta de Catherine Robert            Trash - 17

    J’ai vu ce roman comme une métaphore extrême sur l’abandon de soi. Greta va suivre un itinéraire allant crescendo dans l’horreur, l’humiliation, la torture physique et psychologique pour mieux se confronter à l’insupportable. J’ai beaucoup pensé à la Justine du divin marquis. Nihiliste à souhait.

  • Iceflyer (Christian Vilà)

    Un fleuve noir collection science-fiction métal. Autant le dire tout de suite, je ne suis pas une lectrice de sf, mais le récit est pourtant sympa et donne envie de connaître le résultat du jeu annoncé au départ : une course à l'héritage entre deux possibles bénéficiaires de la fortune et l'influence d'un ancien magna mafieux. Ce jeu qui sera retransmis sur la planète entière recèle un enjeu encore plus important. LaMotta, premier concurrent, frustre et vulgaire, compte bien mettre toutes les chances de son côté, même de vilaine manière. En face Llaouïa Meinhof, sculpturale bombasse remodelée de partout, n'a pas l'intention de se laisser faire. Au milieu de tout ça Mat Katkov, ancien iceflyer (sport du moment) a bien du mal à comprendre dans quoi il est tombé.

    Comme je le disais, c'est entraînant, avec  une foule de personnages colorés, le rythme est suffisamment soutenu pour nous garder dans les pages. Mais je dois bien avouer que j'ai souvent été larguée par rapport au monde décrit et ses technologies futuristes, peinant à me faire une vision de l'ensemble. Néanmoins, je pense que ce bémol vient de mon peu de culture du genre. Quant à la fin, peut-être un peu trop "gentille" pour moi, j'attendais quelque chose de plus noir, la faute à mes premières lectures de l'auteur dans un registre bien plus sombre.

    Un bon moment.

  • L'araignée de Yoshiwara (Félix Brenner)

    Ce Fleuve noir collection Frayeur porte le numéro six. Il nous transporte au Japon, où Adam Legrissard vient de débarquer à la demande de son ami Mirayama, un journaliste alléché par une étrange affaire de crimes sur de puissants ressortissants. Dans l'ombre, Kyuketsuki, personnage peu humain, lui, tue des petits criminels, pour son seul intérêt. Encore ailleurs, l'araignée attend.

    Une histoire plutôt sympa, sur fond de légendes, avec des personnages sympathiques aussi. On entre bien dans la trame avec l'envie de savoir ce qui se cache derrière les éléments que l'auteur nous livre petit à petit. La fin, même si finalement logique avec les dernières révélations, me laisse un petit goût de trop peu, un peu trop rapide à mon avis. Mais reste une intrigue plaisante et dépaysante.

    La collection Frayeur dont c'est le cinquième titre que je lis ressemble à une fusion entre les défuntes séries Angoisse et Gore. Si elle (en tout cas au vu des titres que j'ai lu) semble avoir moins d'atmosphère mystérieuse que la première et moins de sang que la seconde, elle propose par contre des écritures et des ambiances plus modernes. Trente-deux titres y sont parus, je n'en possède que sept, on ne les voit pas beaucoup sur les marchés de l'occasion, mais ça augmente le plaisir de la découverte.

  • Silence rouge (Brice Tarvel)

    Ma chronique (qui date déjà de plusieurs mois) du roman de Brice.


    Ce qui est bien avec les éditions TRASH, c'est que chaque roman est différent et nous propose quelque chose d'autre.
    Pour cette fois, nous avons droit à un roman sans sexe, ça change de mes cinq premières lectures, et le gore y est moins prononcé, sans pour autant en être absent. "Silence rouge" nous fait découvrir l'histoire de Maxime et Francine. Après avoir découvert le cadavre affreusement mutilé de sa jeune sœur, Francine se jure de retrouver le ou les assassins et entraîne dans sa quête son ami-amant. Leur enquête les mènera jusqu'à une mystérieuse secte adoratrice du silence et les confrontera à d'autres meurtres horribles.
    La lecture est plaisante, je dirais presque tranquille, mais l'histoire avance à son rythme avec un déroulé peut-être un peu rapide.
    Ce n'est donc pas le TRASH le plus dur, mais, personnellement, je ne me suis pas ennuyée à sa lecture.

  • L'enfant du cauchemar

    Plus ou moins un an après la fin de l'épisode précédent, Alice sort avec Dan, la vie a repris une nouvelle fois son cours. Mais pas pour longtemps, car les rêves recommencent. Alors qu'elle travaille, la jeune femme est assaillie par une vision effrayante de Freddy revenu à la vie, et téléphone à son petit ami pour qu'il la rejoigne. Mais Dan meurt dans un accident de la route causé par Freddy. A l'hôpital, après un malaise, Alice apprend qu'elle est enceinte et devien bientôt que l'affreux croque-mitaine se sert des rêves de son enfant pour envahir les songes de ses proies, rêves bien plus nombreux que ceux d'un adulte. L'un après l'autre, les amis de l'héroïne succombent, mais tout n'est pas perdu, Amanda la mère de Freddy, morte depuis longtemps, peut les aider.

    L'opus qui m'a peut-être le moins plus. Freddy est devenu une carricature de lui-même, les effets vont dans l'excès délirant et on n'est plus effrayé. Les meurtres eux-mêmes n'ont rien de dérangeant, ils sont parodiques, décalés, comme par exemple, la mort de Greta forcée de manger dans son rêve jusqu'à en crever, avec des effets "humoristiques" qui ne font même pas rire.

  • Greta par Raven

    Raven sur l'écritoire des ombres me gratifie d'une superbe chronique qui me touche beaucoup car elle souligne un point important, celui de l'humanité de Greta, avec la question sous-jacente : "et moi que ferais-je dans pareille situation, serais-je une Greta ? Oui peut-être." C'était une partie importante du fond que je voulais faire transparaître dans mon roman, au-delà de toute la violence qui ne sert en fait qu'à graduer la descente aux enfers de la protagoniste. Alors merci beaucoup Raven.


    Je pensais savoir ce qui m'attendait en tournant la première page de Greta : une bonne dose d'hémoglobine et, avec un peu de chance, quelques nuits blanches. J'ai eu tout ça, mais tellement plus encore. J'ai eu matière à penser, à me remettre en question. J'ai eu une plongée – une descente inexorable – dans l'âme humaine. Car Greta est humaine, trop humaine : rien qu'humaine. 

    Greta, c'est vous, c'est moi. Greta c'est une constante interrogation : que ferais-je, moi, à sa place ? Greta c'est un tour sur des montagnes russes. "Non, elle ne va pas le faire, elle ne peut pas le faire !" Et quand elle le fait (oui, parce qu'elle fait des choses terribles, Greta), on ne peut pas lui en vouloir. Que celui qui n'a jamais péché... On la comprend, on compatit, dans le sens le plus littéral : on souffre avec elle. On souffre de cette privation de liberté, car il ne faut pas se leurrer, qu'elle soit bourreau ou victime, Greta n'a jamais le choix, elle n'en a que l'illusion. Paradoxalement, alors que sa condition de bourreau l'asservissait, c'est dans le rôle de victime qu'elle finira par regagner sa liberté.

    Greta c'est aussi une métaphore de notre société actuelle, si nihiliste : moi avant les autres. A n'importe quel prix. Et sa rédemption. La victoire n'est pas la rébellion, la vengeance, ni même la vie. Non, toute la clef est dans le libre-arbitre, c'est ce qui définit notre condition d'humain. Au moment du choix ultime, Greta brise ses chaînes en reconquérant l'humanité dont on la privait depuis le début. Greta est intemporel : le lieu, l'époque, rien n'a d'importance, l'homme est toujours un homme, seulement un homme.

    Alors oui : il y a des moments dans ce livre qui choquent, qui font mal, qui dégoûtent. Mais demandez-vouspourquoi ça vous touche autant. Peut-être tout simplement parce que nous sommes tous des Greta mais refusons de l'admettre.

    J'aime à dire que Catherine a une écriture spartiate : jamais un mot de trop, c'est concis, ciselé, presque austère. Mais toujours efficace. Elle dépeint les caractères avec justesse, sans jamais tomber dans la caricature. Elle dissèque les âmes et nous révèle leurs travers les plus secrets, les plus honteux comme les plus flamboyants : la vie n'est pas en noir et blanc, et la palette de Catherine possède une infinité de gris.

  • Seuls, tome 9 : Avant l'enfant-minuit (Gazzotti Velhmann)

    La série de bandes dessinées "Seuls" publiée aux éditions Dupuis est une série estampillée enfant, et pourtant, un peu comme Harry Potter, elle est lue par un public de tous les âges. Au premier album, tombé par hasard entre mes mains, j'ai adhéré immédiatement au monde fantastique proposé par les auteurs. Cinq enfants se retrouvent un matin complètement seuls, le reste de la population de leur ville a disparu sans explications. Le pitch parle aux gamins et aux enfants qui sommeillent dans les adultes. Qui n'a jamais rêvé de se retrouver libéré de la surveillance des parents et autres grandes personnes. Ainsi directement, le lecteur est pris dans les filets de ce thème universel. L'intrigue pourtant n'est pas aussi simple qu'il y paraît et petit à petit au fil des épisodes, le scénario se complexifie pour proposer un récit solide et toujours accrocheur. Si le premier épisode ressemble à une sorte d'aventures de Robinsons en culotte courte, la suite amène de plus en plus de questions, de nouveaux protagonistes pas si clair que ça, de nouveaux décors, de nouvelles révélations et parvient à tenir en haleine tout autant qu'à désirer ardemment connaître la suite.

    Dans ce neuvième tome qui clôt le deuxième cycle, nous retrouvons nos cinq héros prêts à partir de la ville étrange dirigée par des enfants étranges et aux coutumes assez despotiques. Mais Camille, elle, préfère rester sur place pour surveiller Saul présenté comme l'élu destiné à lutter contre l'enfant-minuit (concept dont on ne devine pas encore vraiment l'implication sur le récit). C'est donc accompagné du maître des couteaux, adolescent attardé apparu dans le deuxième tome, que nos bambins s''en vont dans les montagnes enneigées, sous la houlette de Dodji. Mais Dodji n'explique rien à ses compagnons qui voudraient comprendre après quoi ils courrent. Une dispute s'ensuit et Dodji poursuit seul sa quête. Il craint d'être cet enfant-minuit redouté par tous et sa seule façon d'en avoir le coeur net est de retrouver le maître fou apparu brièvement l'épisode précédent. De leur côté, le restant du groupe se fait attaquer par Achille, on ne sait trop pourquoi. Bientôt, tous les protagonistes se retrouvent isolés pour une raison ou une autre.

    Un tome qui ma paraît faire transition, qui prépare la suite en plaçant les personnages dans des situations difficiles. De nouvelles questions apparaissent et peu de réponses aux précédentes sont données. Le rythme est soutenu et le dessin continue à faire merveille.

    "Seuls" est vraiment une série à proposer une lecture sur plusieurs degrés, entraînante et captivante.

  • Le cauchemar de Freddy

    Dans ce quatrième opus, nous retrouvons les trois survivants du film précédent (Les griffes du cauchemar). Ceux-ci ont repris une vie normale. Kristen a conservé son pouvoir d'emmener dans ses rêves d'autres dormeurs, et depuis peu, elle sent que Freddy est de retour. Mais elle est la seule à s'en rendre compte et même ses deux compagnons d'aventures ne veulent pas la croire. Mal leur en prend, ils seront les premières victimes de l'affreux croque-mitaine. Après la mort de son petit ami, Kristen n'a plus qu'Alice (la soeur du-dit petit ami) sur qui compter. Lors d'un cauchemar, elle l'attire dans son rêve et lui donne son pouvoir au moment où Freddy s'occupe enfin d'elle. Maintenant, il n'y a plus qu'Alice pour tenir tête au monstre.

    Un épisode agréable et bien foutu, un peu linéaire malgré tout et qui ne renouvelle pas grand chose.

  • Greta par David Coulon

    David Coulon est un auteur que j'apprécie beaucoup. J'aime son univers sombre et son style peu habituel souvent. Il me fait le plaisir d'une critique sur Greta, et le moins qu'on puisse dire c'est que la-dite critique me fait très plaisir. Merci beaucoup David.


    Lu, fini, adoré. On ne sait pas où on va, on ne sait pas où on est, on ne sait pas qui sont ces gens autour, on ne sait pourquoi on nous veut du mal (si, pour survivre), on ne sait pas pourquoi on fait du mal (si, pour survivre), on ne sait qu'il faut tuer ceux qu'on aime (si, pour survivre). Bref, une sublime métaphore, nihiliste à souhait, de notre monde miné par le darwinisme social. Le tout sans avoir l'air d'y toucher. Chapeau bas.

  • Enfer privé (Jean Rollin)

    Lola est une prostituée de luxe qui, par l'intermédiaire de Madame Pierre, se vend à de riches pervers, soit pour son corps, soit pour ses talents de chasseuse. Mais il est difficile de résumer un tel récit sans entrer dans ce qu'il nous a fait ressentir. Un ami qualifie parfois ses lectures de coups de poing, et c'est la définition la plus exacte que je peux donner à ce bouquin : un coup de poing au ventre, un coup de poing au coeur. Dès le début, on assiste à une chasse malsaine, reproduction des chasses du comte Zaroff, où la victime après capture passe de sexe en sexe. Lola fait partie des poursuivants, chargée de ramener la proie. Dès ce premier chapitre, on est plongé dans l'ambiance glauque et pervertie. Mais ce n'est qu'une mise en bouche. Lola sur la route de son manoir fait une étrange rencontre en la personne d'une petite sauvageonne évoluant entre falaise, galets, et mer. La prostituée est subjuguée par la beauté sauvage de l'enfant qui aussitôt l'obsèďe. L'obsèďe au point de la capturer, pauvre enfant-loup sans existence officielle bientôt enfermée dans les caves de Lola qui, incapable de retrouver le miracle de leur première rencontre, développe une haine violente pour sa captive qu'elle se met en devoir de soumettre et dresser ainsi qu'on le ferait d'un animal de cirque. Avec un but encore plus noir : vendre sa virginité au plus offrant.

    Difficile de sortir indemne d'une telle plongée dans ce que l'humain a de plus vil. L'enfant est pour tous, au mieux un animal, au pire un objet, mais toujours quelque chose dont on peut se servir et qu'on peut rudoyer. On souffre pour cette gamine, on la voudrait à nouveau libre, et pourtant, on sent que dans ce monde cruel, il n'y a aucun espoir. Le calice devra être bu jusqu'à la lie. Même si Lola semble changer, se prendre d'affection pour son jouet, rien ne détournera les deux de leur destin,  de leur découverte du pire. Et ce revirement de Lola ne suffira pas pour la ramener à une vie autre, plus saine aurait-on envie de dire, car il lui manque la compréhension, elle croit aimer, elle n'a que l'affection possessive pour un jouet. Et elle ne découvrira le véritable amour qu'au moment de sa mort.

    Rien dans ce roman ne permet de se raccrocher à une bouée quelconque, il n'y en a pas, tout y est noir, glauque, malsain, dérangeant, et le lire fait mal. Oui c'est un roman coup de poing que je conseille à ceux qui chreche des lectures qui frappent.