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Greta par Raven

Raven sur l'écritoire des ombres me gratifie d'une superbe chronique qui me touche beaucoup car elle souligne un point important, celui de l'humanité de Greta, avec la question sous-jacente : "et moi que ferais-je dans pareille situation, serais-je une Greta ? Oui peut-être." C'était une partie importante du fond que je voulais faire transparaître dans mon roman, au-delà de toute la violence qui ne sert en fait qu'à graduer la descente aux enfers de la protagoniste. Alors merci beaucoup Raven.


Je pensais savoir ce qui m'attendait en tournant la première page de Greta : une bonne dose d'hémoglobine et, avec un peu de chance, quelques nuits blanches. J'ai eu tout ça, mais tellement plus encore. J'ai eu matière à penser, à me remettre en question. J'ai eu une plongée – une descente inexorable – dans l'âme humaine. Car Greta est humaine, trop humaine : rien qu'humaine. 

Greta, c'est vous, c'est moi. Greta c'est une constante interrogation : que ferais-je, moi, à sa place ? Greta c'est un tour sur des montagnes russes. "Non, elle ne va pas le faire, elle ne peut pas le faire !" Et quand elle le fait (oui, parce qu'elle fait des choses terribles, Greta), on ne peut pas lui en vouloir. Que celui qui n'a jamais péché... On la comprend, on compatit, dans le sens le plus littéral : on souffre avec elle. On souffre de cette privation de liberté, car il ne faut pas se leurrer, qu'elle soit bourreau ou victime, Greta n'a jamais le choix, elle n'en a que l'illusion. Paradoxalement, alors que sa condition de bourreau l'asservissait, c'est dans le rôle de victime qu'elle finira par regagner sa liberté.

Greta c'est aussi une métaphore de notre société actuelle, si nihiliste : moi avant les autres. A n'importe quel prix. Et sa rédemption. La victoire n'est pas la rébellion, la vengeance, ni même la vie. Non, toute la clef est dans le libre-arbitre, c'est ce qui définit notre condition d'humain. Au moment du choix ultime, Greta brise ses chaînes en reconquérant l'humanité dont on la privait depuis le début. Greta est intemporel : le lieu, l'époque, rien n'a d'importance, l'homme est toujours un homme, seulement un homme.

Alors oui : il y a des moments dans ce livre qui choquent, qui font mal, qui dégoûtent. Mais demandez-vouspourquoi ça vous touche autant. Peut-être tout simplement parce que nous sommes tous des Greta mais refusons de l'admettre.

J'aime à dire que Catherine a une écriture spartiate : jamais un mot de trop, c'est concis, ciselé, presque austère. Mais toujours efficace. Elle dépeint les caractères avec justesse, sans jamais tomber dans la caricature. Elle dissèque les âmes et nous révèle leurs travers les plus secrets, les plus honteux comme les plus flamboyants : la vie n'est pas en noir et blanc, et la palette de Catherine possède une infinité de gris.

 

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