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  • La chambre de Naomi (Jonathan Aycliffe)

    Naomi a cinq ans, c'est le jour du réveillon de Noël. Avec son père, elle arpente les rues de Londres, fait les vitrines, visite un magasin de jouets. C'est le bonheur. Et puis, c'est le drame, l'enfant disparaît On ne la retrouve que le lendemain, morte et mutilée. Pour Charles et sa femme Laura, la vie ne sera plus jamais pareille. Encore moins que ce qu'ils auraient pu penser. Car Naomi, est-elle vraiment partie ? Lewis, un photographe de presse, pense le contraire. Ses clichés montrent des personnages qui ne devraient pas y être, Naomi, mais aussi deux petites filles pâles, une femme et un homme en noir. La maison est hantée et la menace se précise au fil des jours. Tandis que Charles cherche à comprendre, Laura plonge dans la dépression.

    L'auteur nous entraîne à la suite de parents confrontés au coup du sort ultime, la perte d'un enfant. Le livre en est poignant par moment. Mais il ne se limite pas à ça, il tisse une atmosphère d'angoisse qui s'étale petit à petit, un suspense qui prend son temps pour se résoudre, jusqu'au point culminant, le moment où il est trop tard. Petit bémol, la toute fin que j'ai jugée inutile, le retournement de trop qui n'était pas nécessaire et semble même être là presque pour un peu dédouaner le personnage. L'intrigue bien que classique, histoire de fantômes, est agréable a suivre et bien écrite.

    Un bon livre, sans être inoubliable.

  • Le chien des ténèbres (Benoît Becker)

    Une aventure typique de la collection angoisse (quoique je parle bien vite, j'en ai lu très peu). Une lecture un peu mitigée. C'est sympa, ça se lit facilement, mais ça manque un peu d'originalité, et je n'ai jamais vraiment réussi à rentrer totalement dans le texte. Peut-être est-ce le choix de l'utilisation du présent de l'indicatif. Ce temps m'a un peu rebutée jusqu'au bout de ma lecture, avec cette impression qu'il ne convenait pas à l'histoire. Le personnage principal, Béatrice, m'a du coup peu touchée, et je n'ai pas ressenti d'émotion ou d'empathhie pour ce qu'elle vivait au fur et à mesure des pages.

    Il n'en reste pas moins un récit qui se lit plutôt agréablement.

  • Pleine lune (Yno)

    Quand j'ai refermé le bouquin, j'ai pensé à "Massacre à la tronçonneuse" et d'autres films du genre dans lesquels sont mises en scène des familles dégénérées. Alors que je n'apprécie pas trop ce type de base scénaristique au cinéma, ici j'ai aimé ma lecture. Peut-être cela passe-t-il mieux en mots ou, plus probablement, cela vient du style d'Yno, précis avec le juste équilibre entre de courtes descriptions et les scènes d'action. Celles-ci se succèdent à un rythme prenant et je suis restée accrochée au roman. Les personnages sont peut-être un poil superficiels et l'empathie ne fonctionne pas vraiment, mais c'est compensé par le récit, si pas le plus original, bien mené de bout en bout, sans discordances d'un chapitre à l'autre, donc solide dans sa construction.

    Un TRASH orienté aventure qui peut plaire à presque tout le monde.

  • Lumpen (Janus)

    Janus nous dépeint les histoires parallèles du sale nègre et du licencié de Pétronum, une usine qui ferme ses portes. Le premier tue des vieilles dames pour leur piquer leur fric tout en espérant la gloire avec sa voix merveilleuse, le deuxième sombre après avoir tout perdu, sa femme, sa fille, son boulot, sa santé. Le ton est froid et désespéré, le style en phrases courtes, avec peu de ponctuation, en répétitions, accentue l'impression d'étouffement, on a le sentiment qu'il n'y a absolument aucun espoir, aucune échapatoire, rien du tout à quoi s''accrocher dans le monde décrit. Les personnages n'ont pas de noms, ils pourraient être n'importe qui, le voisin, le collègue, une célébrité, soi-même, parti-pris qui renforce encore la noirceur du récit et le malaise ressenti. Seule Maeva, star de télé-réalité, a le privilège d'être nommée et Maeva n'est rien, juste une bouche qui suce, un reflet du vide sociétal.

    Le livre est bon, très bon, une de mes meilleures lectures TRASH, et je les ai toutes aimées, c'est dire. Il fait partie des oeuvres les plus sombres de l'éditeur, pas seulement par ses scènes gores ou X, car d'autres bouquins font pires, mais par son ton. Il m'a plus marquée que "Nuit noire" ou "Murderprod". Je le conseille vraiment à tous ceux qui recherchent les trucs les plus extrêmes.

  • Bayou (Zaroff)

    Zaroff, c'est le gore amusant, les répliques cocasses, les situations amusantes. Quand on le lit, on se marre. Bayou est donc très divertissant et, à mon avis, l'auteur fait plus fort qu'avec son premier opus, "Night stalker" (pourtant déjà bien bon), son style s'est encore amélioré, la structure du récit est plus solide, la plume plus décontractée, plus vive, et plus relâchée.

    Zaroff s'est fait plaisir en écrivant, et ça se sent. De scènes improbables en scènes porno, il a pris son pied. Le résultat est jouissif, même si le cul est un peu trop présent (quoique ça ne m'ait pas dérangée, difficile à expliquer, mais ça va avec le récit), et si la fin me semble moins solide dans sa structure (des détails, mais qui enlèvent un peu du réalisme). J'ai aussi adoré les deux dernières pages du bouquin, fallait y penser.

    Bref, du Zaroff, drôle, direct, imaginatif, et percutant. Une lecture qui devrait plaire à beaucoup.

  • Dimension Trash (anthologie présentée par Artikel Unbekannt et Julien Heylbroeck)

    Préface de David Didelot : beaucoup ne lisent pas les préfaces, les trouvent ennuyeuses. Moi, j'aime bien, j'y apprends des choses. Ici, on a de la nostalgie, de l'admiration et de la marche en avant. Anciens et nouveaux auteurs du rouge qui tache sont mis à l'honneur. Très sympathique à lire.
    Christian Vilà : Splash ! : une touche sf, une touche sociale, une touche scabreuse, et un ensemble bien rouge dégueu comme on aime.
    Adolf Marx : Épilogue du " Vivre ensemble " : entre hallucinations et réalités, on cherche où se situe la vérité, et au final, on s'en fout, on ne garde que la violence.
    François Darnaudet : Femmes, plantes et autres machines cruelles : un monde sans repères, on entre dans cinq petites situations avec ou sans rapports entre elles, on prend ce qui se passe et on repart. Moi, j'aime.
    Brice Tarvel : Kotok : une rencontre entre Kotok, malabar un peu détraqué, et Gribiche, petite fille haute en couleurs. Et rien ne se passe comme prévu. Drôle et plaisant à lire.
    Cancereugène : Descente d'organes : l'enfer arrivant sur terre. Très organique, un récit de ruminations mentales par un être impossible.
    Julian C. Hellbroke : Junkfood rampage : un récit post-apocalyptique avec des survivants, des livres et puis des rats, et j'aime pas les rats, mais j'ai aimé l'histoire bien sûr.
    Romain D'Huissier : La veuve écarlate : de la Chine, donc du dépaysement et de l'originalité, mais bien rouge à souhait.
    Zaroff : Zomb's short : Zaroff nous a concoté huit récits brefs et directs, huit variations zombiesques. Drôles, déguelasses, parfois tristes, et toujours plaisantes.
    Sarah Buschmann : Tranche de nuit : Sarah sait tout le bien que je pense de son texte. Noir, gore, dérangeant, une implacable descente aux enfers qui ne laisse aucun espoir.
    Gilles Bergal : Nouvelle vie : quand on a faim, on a faim, et on ferait n'importe quoi pour manger un morceau, même prendre des risques. Tant pis si ça tourne mal.
    Robert Darvel : Killing Joe D'Amato : j'aime beaucoup le gore de Robert, très visuel. J'ai presque l'impression de tomber dans un film quand je lis. En plus, c'est amusant, que demander de plus.
    Patrice Lamare : Allegro ma non troppo : chef d'orchestre et artistes peu habituels dans une représentation sanglante pour le plus grand plaisir du public, celui du récit et le mien.
    Artikel Unbekannt vs Schweinhund : White trash : huit petites perles. Où se cache Schweinhund, où se planque Artikel ? Parfois on se dit qu'on a repéré l'un, ou l'autre, puis on hésite. Qu'importe au fond, parce que le résultat est splendide. Une mention spéciale à la dernière de ces petites merveilles que j'ai trouvée très touchante.
    Catherine Robert : Je suis méchante : je ne dirai rien sur la mienne (de nouvelle), je préfère laisser parler d'autres que moi. Mais un vrai plaisir de me retrouver si bien entourée.
    Guy Kermen : Gloriole au glory hole : y a de l'humour là-dedans. De l'humour, mais de l'humour noir et porno. Je ne m'attendais pas à la fin, bien trouvée.
    Corvis : Une heure à tuer : un titre qui colle bien pour une nouvelle cruelle de bout en bout. Très efficace.
    Kriss Vilà : Éventration d'une grenouille : du social, mais du social bien crade, dans un monde de pauvreté et de débrouille, où le sexe et la violence font partie intégrante de la vie. Comme une petite angoisse à la fin, on se dit que c'est bien proche de notre réalité.
    Charles Nécrorian : Les immortels : une histoire peu gore, mais divertissante et originale. L'unique texte de science-fiction du recueil, ce qui rajoute à son intérêt.
    Nelly Chadour : Sacré gril : l'antiquité et ses atrocités, bien décrite, bien saignante, avec une belle chute.
    Christophe Siébert : La vieille : superbe description, toute en détails macabres, froide et inexorable. A lire au petit déjeuner si on veut entamer un régime.
    Postface de Sandy Foulon : on peut me dire que ce n'est qu'une présentation des douze premiers TRASH, mais non, c'est plus. C'est bien écrit, ça donne envie si on n'a pas encore découvert la collection.

    Quand j'entame une anthologie ou un recueil, je ne m'attends à rien de spécial. Je sais qu'il y aura des textes qui me plairont beaucoup, d'autres un peu moins, voire pas du tout parfois. Mais rien de cela ici, je n'ai eu que le bon, le très bon. A chaque récit, j'ai pris mon pied, pour des tas de raisons. Certains étaient amusants, d'autres froids, ou encore vraiment scabreux, sans oublier quelques uns tirant vers le X, et puis le rouge, celui qu'on attend en ouvrant un ouvrage tel que celui-ci. Toutes les couleurs que peut revêtir le trash se trouvent rassemblées dans ce bouquin. Et toutes ces nouvelles prouvent que le genre est bien plus diversifié qu'on pourrait le penser. Toutes ces nouvelles prouvent que le genre est un genre de qualité, que l'écrivain qui en écrit a une écriture tout aussi exigeante que n'importe quel autre genre.

    Pour résumer mon sentiment : des histoires variées, de qualité, pour un réel et bon gros plaisir de lecture.

  • Chien du heaume (Justine Niogret)

    Lorsque j'ai entamé ma lecture, je m'attendais à plus "violent", peut-être à cause de la réputation de la dame. Au final, je n'ai pas trouvé ce roman extrêmement dur. Rude, oui, mais pas dur. Une rudesse qui sied au contexte, à l'époque médiévale. Mais il s'agit d'une rudesse qui fait authentique, la rudesse des gens de guerre, la rudesse de la vie face à la nature et aux dangers. Une rudesse de camaraderie bourrue aussi. Les personnages sont attachants, si l'on excepte Noalle, des gens plutôt simples avec une certaine philosophie de vie, des principes. Si l'on a affaire à un roman rude, on a aussi affaire à une belle histoire sur les relations entre toutes ces personnes.

    Chien du Heaume est une mercenaire en quête de son nom qu'elle a oublié depuis longtemps, peut-être depuis qu'elle a tué son père, peut-être déjà avant. Son seul indice : sa hache d'un modèle unique. Mais la quête est longue et les avancées si ténues qu'elle semble faire du sur-place. Jusqu'au jour où elle rencontre le chevalier Sanglier, maître d'un castel battu par les vents et le froid de l'hiver. Là, elle se sent bien, elle s'y fait des amis, sans savoir vraiment nommer ce sentiment. La quête devient moins importante, sans pourtant s'oublier.

    A cheval entre deux époques, celle des anciennes religions qui s'éteignent doucement face à celle de l'église qui prend de plus en plus de place, on ressent, dans ce roman, toute la nostalgie de ceux qui sont nés trop tard, qui voient leurs valeurs mourir inexorablement. On peut y voir un joli plaidoyer pour la tolérance.

    On lit cette histoire avec beaucoup de plaisir et on referme le livre avec une touche de regret, ne pas connaître la suite. Et pourtant, tout se termine pile poil au moment où ça doit se terminer.

  • Greta par Zaroff

    Une chronique qui me fait très plaisir. Zaroff est un vieux camarade de forums (presque neuf ans qu'on se connaît, même si lui parle de dix années, oui, bon c'est à peu près pareil, je sais), il m'a connue à mes tous débuts, quand je suis arrivée sur le manoir du fantastique. Il a eu droit à mes premiers textes maladroits, puis il a suivi ma progression (parce que oui, j'ai quand même un poil progressé, si, si, je vous assure). Mais si on se connaît plutôt bien, il n'y a aucune complaisance dans ses avis. S'il trouve qu'un de mes récits vaut que dalle, ou est juste un truc moyen, il n'hésite pas et le dit. Son avis compte donc beaucoup pour moi et je l'en remercie.

    Zaroff est le créateur de l'écritoire des ombres où je traîne mes guêtres depuis un bout de temps. Il est également l'auteur de deux romans TRASH, "Night stalker" et "Bayou" (ce dernier sorti en même temps que Greta), ainsi que de plusieurs nouvelles publiées. Il anime également un blog en compagnie de Schweinhund (lien donné en fin d'article) où on se régale de leurs divers articles.

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    C'est un réel bonheur de chroniquer (enfin) le premier roman de ma copine Catherine. Je la connais depuis dix ans (sur le défunt Manoir du Fantastique) et j'ai suivi sa création littéraire depuis le début, notamment de la poésie. Puis TRASH a trouvé le talent enfoui de cette auteure. Elle a exprimé ses pulsions les plus perverses pour nous écrire un bouquin remarquable et dérangeant. Le lieu est simple et dénué de repères : un désert. On ne sait pas où. Une prison en son sein. Puis une femme, Greta, qui a accepté le statut d'une gardienne, en ayant abandonné son ancienne vie et ses enfants. Son rôle est de martyriser des détenus, de les soumettre à des sévices sexuels. Puis elle craque un jour. Elle devient un matricule comme les autres. De bourreau, elle passe dans le rang des prisonnières.

    Les jours tombent dans une routine de tortures innommables, de châtiments corporels. Tout est exprimé avec une rage sourde et on souffre avec Greta. Cette lente déshumanisation fait froid dans le dos. Rien n'est épargné et le souffle lyrique de l'auteure nous emporte dans une valse sauvage et sordide. Ceci nous rappelle la perversité des camps de la mort où l'humain n'est plus qu'une enveloppe vide. On devine aussitôt que les fantômes de Greta l'emporteront vers un destin implacable et fataliste.

    C'est un bouquin merveilleux, digne d'un 1984 et sa salle 101. On peut également y voir certains accents d'un Enfer vertical de Brussolo. Cette non-existence rappelle que l'homme peut être un redoutable prédateur envers ses semblables et que cette radicalité engrange des monstres. Et jamais Catherine Robert n'a été aussi proche d'un George Orwell qu'en prouvant que "La liberté, c'est l'esclavage". Soumission-Déni-Acceptation. Les visions freudiennes ectoplasmiques délivrent Greta. C'est la force obscure de ce livre si on sait lire entre les lignes. Catherine, je te tire mon chapeau, car tu m'as ému.

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    http://ecritoiredesombres.forumgratuit.org/

    http://gorezaroff.over-blog.com/2015/12/greta-catherine-robert.html#ob-comment-ob-comment-86779001