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Lectures (romans, antho, recueils...)

Par ici, mes avis sur mes lectures. Que ce soit les anthologies où je figure ou d'autres récits, tout se passera dans cette rubrique.

  • Patrouilles (Jean Mazarin)

    Zacharie fait partie de la patrouille. La patrouille, dans un monde futuriste, surveille et protège Paris dont les rues ne sont plus sûres. Le vieux patrouilleur se voit adjoindre une nouvelle recrue, Joëlle, jeune femme au visage déformé par un accident, et les deux équipiers sont chargés d'enquêter sur des rumeurs concernant La ronde, une course automobile annuelle. Clootaire, le frère de Zach peut les renseigner, mais ce membre d'un des clans, acceptera-t-il de les aider. Rien n'est moins sûr dans ce monde où tout n'est plus que faux-semblant et magouilles.

    Une dystopie avec une société pervertie, totalitaire, et scindée entre riches et pauvres, pouvoirs et malfrats. Agréable à lire avec des personnages assez attachants. Peut-être manque-t-il de gras dans ce bouquin, plein de questions restent en suspens. Mais une bonne lecture pour ce roman paru dans la collection Anticipation du Fleuve Noir.

  • Cimetière des chats (Alain Venisse)

    Pluton gambade gaiement dans le vieux cimetière, se lance à la poursuite d'un lézard, et tombe dans une crevasse. Plus de peur que de mal puisqu'il réapparaît peu de temps après comme si de rien n'était. Mais les apparences sont trompeuses, le jeune chat semble maintenant intérieurement différent, et cette différence s'étend aux autres félins de la ville. Les gentils animaux de compagnie paraissent soudain plus agressifs, attaquent leur maître. Jérémie le jeune propriétaire de Pluton, nouveau-venu dans ce village retiré qui survit grâce à la Sanichim (usine qui traite les déchêts dangereux) va bientôt découvrir que les choses ont changé, et que son adorable bestiole n'est peut-être pas le plus grand danger dans le coin.

    Pas désagréable, mais assez convenu. Ce roman paru au Fleuve noir dans la collection Frayeur manque d'audace et de surprise. A l'exception de la cause des modifications chez les chats (une cause qui me semble dénoter avec le reste en plus), tout se suit sans surprise. Les personnages principaux, bien que sympathiques, n'arrivent pas vraiment à nous agripper, surtout qu'on sent vite que leur sort ne craint rien. Difficile à expliquer, mais c'est un truc que j'ai ressenti très vite. Et de fait, il ne leur arrive rien de bien moche. Au fond, ils assistent aux événements plus qu'ils n'y participent. Reste qu'il y a bien des morts, assez variées, ce qui sauve l'ensemble.

  • La statue de chair (Jean Rollin)

    Numéro sept de la collection Les anges du bizarre, on y découvre l'histoire de Francis, veuf depuis peu, incapable de se remettre du décès de son épouse Isabelle. Il lui a aménagé, dans les sous-sols de son chateau, un cercueil de verre. Toutes les nuits, il la rejoint et se couche sur elle, mais ça ne lui suffit pas. Alors, il est prêt à tout pour retrouver son épouse, même à croire la petite sorcière celte Tùathà.

    J'ai découvert cette courte collection (dix volumes) avec Enfer privé du même Jean Rollin, beaucoup apprécié. La ligne éditoriale (l'inhabituel, les inouïs, les sulfureux, les inclassables... Des romans noirs, des histoires fantastiques ou d'épouvante, des textes érotiques, littéraires ou populaires) me parlant, je ne voulais pas en rester à cette première lecture. Pour ma deuxième expérience, je suis repartie sur le même auteur. Un peu moins aimé que le premier que j'avais trouvé plus dérangeant. Ici, j'ai trouvé que les choses étaient plus effleurées, pas complètement exploitées, que l'auteur aurait pu aller plus loin dans la noirceur. Les personnages m'ont aussi paru un peu caricaturaux. Au-delà de ça, j'ai néanmoins apprécié ma lecture.

  • Le miroir du damné (Frédéric Lyvins - J.B. Leblanc)

    Une lecture numérique de ce roman paru chez Séma Editions alors que je suis réfractaire au numérique, comme quoi tout arrive. Dans le petit village isolé de Tarsac, le meurtre du jeune Fabiani amène sur les lieux le lieutenant Courtas. Peu aidé par les villageois ou le chef de la police municipale, l'inspecteur soupçonne vite qu'on lui cache des choses, mais quoi ? Son enquête piétinne tandis que d'autres morts étranges surviennent. Toute l'affaire paraît étrange et aucune pièce du puzzle ne semble vouloir s'embôiter avec une autre. Kalvyn Brimac, lui, est revenu au pays pour enterrer son père, mort d'une crise cardiaque lui a-t-on dit, mais est-ce aussi simple ? Le jeune agent immobilier cherche à comprendre, à se pardonner aussi sa longue absence, l'abandon de son père enfermé dans sa tristesse depuis la mort de sa femme et de son fils cadet. Et si tout avait un rapport avec le réducteur, ce natif insoupçonnable qui douze ans plus tôt s'était mis à massacrer des enfants ? Les habitants craignent cette hypothèse. Et dans l'ombre, un miroir particulier pèse sur le village.

    Une lecture très plaisante. J'ai apprécié l'histoire sous forme d'enquête. Je n'aime pas les intrigues policières, sauf si elles se couplent à du fantastique bien présent, et c'est le cas ici. Ce récit de village hanté/possédé par une entité maléfique est entraînant, captivant même. Les personnages principaux sont bien fouillés, avec du corps, et même les personnages secondaires possèdent une chair suffisante que pour les rendre intéressants. J'ai retrouvé dans ce roman une ambiance qui m'a fait penser à B. R. Bruss (enfin, je n'en ai pas lu beaucoup, mais de ceux dont je me rappelle, les thèmes sont plutôt proches : intrigue policière fantastique, village reculé et refermé sur lui-même, personnages presque impuissants, vision assez sombre du pouvoir des hommes contre le mal, même la fin me fait un peu songer à Steiner). Cette histoire fleure bon les mythiques Angoisse. Quelques bémols légers (si, si, il faut en trouver, autrement c'est pas drôle). J'ai remarqué plusieurs coquilles/fautes au long de ma lecture, et j'ai été un peu déçue par les personnages de Brimac et de Susan, sa petite amie. Je pensais que leur rôle serait plus important vu la place qu'ils prenaient. Rien de bien grave, et surtout rien qui ne m'ait gâché ma lecture. Donc, résultat positif sans aucun doute.

  • Lavinia (Anne Duguël)

    Lavinia est le nom d'un chien, celui de Lord Henry. Lord Henry qui monte dans un train en compagnie d'autres privilégiés, un éclésiastique, une vieille riche, un vieux général, une veuve aisée et meurtrière, une mère folle d'avoir perdu son enfant. Ils montent dans un wagon première classe, tout confort, en route vers on ne sait où, tandis que dans d'autres compartiments, à bestiaux, est enfourné les malheureux d'une rafle. De son côté, Tatoo a réussi à échapper à Big Butcher, le despote qui règne en maître sur le pays, celui qui l'aime à tel point qu'il l'a fait non seulement épiler définitivement de tout poil ou chevelure, mais l'a aussi marquée de son image.

    Dans ce court roman paru dans la collection Frayeur au Fleuve noir, Anne Duguël brosse le portrait d'une société futuriste où pour survivre la société a imposé de nouvelles règles, mais comme dans tout système, celles-ci avantagent une élite, et le peuple subit et souffre. Un roman sombre et pessimiste où l'espoir n'a pas sa place. Très prenant, on est pris dans l'histoire, on s'attache au personnage de Tatoo, on voudrait qu'elle s'en sorte. Mais dans ce genre, est-il possible que quelqu'un s'en tire ? Ce récit m'a rappelé d'autres dystopies célèbres avec son ton sombre et inéluctable.

  • Hammour (Bruno Pochesci)

    Elyah et Hugo s'haimment d'hammour, mais la guerre contre les Vall's les sépare en les incorporant à des tâches différentes, lui chez les Thartarots, régiment où l'espérance de vie avoisine les trois semaines, elle chez les Maharis, groupe d'espionnes payant de leur personne pour obtenir des renseignements. Par hammour, ils se jurent de maintenir et de s'en sortir. Mais est-il possible de tenir bon face à la bêtise humaine, à l'horreur, à la mort, à la violence ?

    Quel roman étonnant. Est-ce que j'ai aimé ? Et bien, oui. Et pourtant, c'était loin d'être gagné. J'étais vraiment pas la cliente idéale. Le côté déjanté (mais est-ce le bon mot) de l'écriture m'a un poil rebuté au départ, et j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'univers de l'auteur. Mais force est de reconnaître qu'au fil des pages, on ne peut qu'y pénétrer dans cet univers. Non seulement y pénétrer mais aussi adhérer à son monde un peu fou tout autant qu'horrible. Car ce roman alterne les scènes amusantes, émouvantes, dures, voire même un brin dérangeantes. Le niveau d'écriture est élevé, mais surtout extrêmement maîtrisé, car il faut une sacrée maîtrise pour gérer cette façon d'écrire. Bruno joue avec la langue, les langues, avec une réelle maestria. Et c'est cette écriture inhabituelle qui si elle m'a gênée pendant peut-être un quart du bouquin a aussi fini par m'attraper dans ses filets. L'auteur profite aussi de sa science-fiction pour tacler certains aspects négatifs de notre société, cela sans avoir l'air d'y toucher. J'aime bien.

    Au final, je dirais que ce livre est étonnant, un chouïa rébarbatif dans son accroche, mais fascinant et addictif, on s'attache aux personnages, et on les suit jusqu'au bout, vivant avec eux dans ce monde étrange, espérant et souffrant en leur compagnie. Et puis la fin, je m'étais imaginée autre chose, mais à y réfléchir (ou sans réfléchir même), j'aime autant la fin choisie par l'auteur.

  • Moisson d'épouvante 3 (Dreampress)

    Troisième opus de cette anthologie paraissant aux Editions Dreampress. Je me suis laissée tenter par celui-ci lors de mon déplacement fin novembre à Sèvres. A la base, j'étais dubitative, faute à l'énoncé de l'appel à textes qui parle d'humour. Et moi l'humour, c'est bof, j'accroche pas, je ne me marre pas (je parle niveau littérature). Mais ayant été rassurée sur la dose d'humour pas si conséquente que ça dans l'anthologie, pourquoi pas. Je jugerais sur lecture. Et je ne le regrette pas, j'ai passé un très bon moment. Avec même un coup de coeur (et mes véritables coups de coeur sont rares).

    - Nidouyé (Eric Vial-Bonacci) : Paul et Mizuko sont jumeaux, ils ont onze ans, ils sont élevés par leur père veuf. Mais leur père, traumatisé par la mort de sa femme, ne peut supporter l'idée d'être une nouvelle fois abandonné, alors il a aménagé la maison en Nidouyé (et je viens seulement à l'instant de percuter le titre). Une jolie histoire, assez touchante, mais aussi dérangeante.

    - Hypnophobie (Franck Stevens) : M. Varlet est suivi par un psychiatre pour des troubles du sommeil. Il dort mal, et depuis la mort de sa femme ça empire. Le psychiatre le met sous surveillance pour découvrir que l'homme fait toujours le même genre de songes qui se terminent immanquablement en cauchemar. Quelque chose effraie et fait souffir M. Varlet dans son sommeil. Est-ce une bonne idée de s'entêter à découvrir ce qui se passe dans la tête du patient ? Récit bien sympa, entraînant, même si le sujet a déjà été vu, cela reste une bonne proposition.

    - Derrière les yeux, le père (Phil Becker) : Séverin n'a pas la vie facile avec son père, Erik, qui le mène à la baguette, entre autres sport à hautes doses et interdiction de se blesser. Sans parler de sa mère au grenier, sa mère, sa punition lorsqu'il ne se conduit pas bien. Et si ce n'était que cela. Intéressante et plaisante histoire d'horreur, parfois dure (miam, même si ça reste léger).

    - La cuvée du condamné (Guillaume Suzanne) : le héros de l'histoire s'est barricadé dans un bâtiment. A l'extérieur, des ennemis le cernent. Il a un tonneau plein pour s'abreuver, quelques provisions, mais jusqu'à quand ? Une histoire où l'on n'a pas trop de contexte et où certaines clés ne se dévoilent qu'à la fin, j'ai bien aimé la solitude du personnage, bien restranscrite.

    - Norvège (Olivier Caruso) : le protagoniste s'est exilé en Norvège après un traumatisme. Mais le Grand Nord n'est peut-être pas fait pour quelqu'un comme lui, quelqu'un qui cherche à fuir ses souvenirs. Bien aimé, pas grand chose à dire, un peu classique mais bien écrit.

    - Les Alyscamps (Didier Reboussin) : Henri-Honoré Tardieu est ingénieur aux chemins de fer. Sur le site où il travaille, il a découvert des cercueils dont l'un renferme un corps magnifique. Fasciné, il fait main basse sur le sarcophage et se laisse subjuguer par le mystère. Résolu à en apprendre plus, ll fait appel au père Matthieu. Apprécié sans être transportée.

    - Stade terminal (Alexandre Ratel) : Philippe, le père, et Lucas, son fils, pris dans un monde de zombie, ont réussi à pénétrer dans un stade de football. Mais le fils a été mordu récemment, les deux savent que ce n'est qu'une question d'heures. Pas trop fan des zombies, j'ai néanmoins apprécié ce moment entre père et fils que j'ai trouvé touchant.

    - La Caverne du Blaireau (Michel Lalet) : mon coup de coeur. Un vieil auteur populaire est interviewé, et il raconte une histoire, celle de Pierrot et Toine, deux enfants en bute à un père violent. Un jour, pour se protéger d'une crise paternelle, Pierrot entraîne son cadet dans une grotte, un lieu magnifique, même si y pénétrer n'est pas simple. Je n'en dis pas plus. C'est une très belle histoire qui m'a fait penser au Labyrinthe de Pan, le film de Guillermo Del Toro. Le même regard sur le merveilleux qui a aussi ses côtés sombres, le même rapport entre celui-ci et la réalité, et le même flou sur ce qui est vrai ou pas. Vraiment beaucoup aimé.

    - IT : Les Iris de Titan (Yann Quero) : sur Titan, satellite de Saturne, des petits objets ovoïdes ont été découverts puis ramenés sur Terre. Mais peu après leur arrivée, une étrange épidémie s'est propagée, en cercles concentriques, plongeant les victimes dans un coma profond. Pourquoi ? Que sont ces Iris de Titan ? Comment inverser le processus ? Plutôt original, j'ai bien aimé cette histoire de science-fiction. et ce fléau ramené d'ailleurs.

    - Helianthus annuus (I.C. Vita) : Paul, un vieil agriculteur à la veille de moissonner ses tournesols, se repose en vue du travail du lendemain. Il est dérangé par un invité surprise, un homme étrange qui semble fasciné par ses fleurs et qui voudrait qu'elles ne soient pas coupées. Une histoire avec une aura de mystère et une belle chute. Bien aimé.

    - Sylvia (Daniel Morellon) : le protagoniste raconte son histoire avec Sylvia qu'il a follement aimé, qu'il a suivie dans ses dérives sexuelles, jusqu'au jour où il n'a plus pu et qu'il s'est jeté par la fenêtre. Mais Sylvia, elle, a continué. Un peu trop classique pour moi, je n'ai pas été surprise. Cependant elle offre un rythme intéressant.

    - Perfection (Thomas Spok) : Paul est marié à Vanessa, à ses yeux, la femme parfaite. Tellement parfaite qu'il commence à se sentir mal à l'aise sans arriver à comprendre pourquoi. Sur le conseil d'un ami qui a connu ça, il va chercher à trouver un défaut, juste un, à sa femme, mais ce n'est pas facile. Beaucoup aimé cette histoire avec une fin à laquelle je ne m'attendais pas.

    - De l'autre côté de la porte (Marlène Charine) : Clara est chez elle. Clara qui a échappé à son tortionnaire. Mais le voilà de retour, et pour Clara une seule solution, s'enfermer dans la salle de bain. Son agresseur va se poster derrière la porte, il n'est pas pressé, il finira par l'avoir, il n'arrête pas de le lui répéter. J'ai beaucoup aimé le rapport entre la victime et son tortionnaire. Un bémol, on découvre peut-être un peu trop vite le fin mot de l'histoire et la fin est un peu douce pour mes goûts tout à fait personnels.

    - Démangez-moi (Annabelle Blangier) : Mona est internée et raconte au docteur Park comment a commencé sa psychose, l'apparition de cette croûte étrange sur son poignet. Bien rédigé mais l'histoire ne m'a pas transportée plus que ça. Pas assez surprenante sans doute et puis des questions en suspens.

    - L'antre (Jeff Gauthier) : un récit qui prend place dans la préhistoire, c'est déjà intéressant parce que pas très courant, une bonne plongée dans l'angoisse, peut-être un peu longuet, mais en même temps, ça participe à l'atmosphère. Une tribu est décimée petit à petit par un animal féroce. Pour s'en débarasser, un groupe de cinq volontaires va le traquer au fin fond d'une grotte. Très bonne fin que je n'avais absolument pas vue venir.

    - Conte d'été (Elodie Beaussart) : Marguerite est au jardin, elle entend une faible musique, en cherche l'origine et découvre un tout petit être soufflant dans une flûte. Joliment écrit, mais au cours attendu.

    - Des plantes, des lèvres, de l'amour pour Oiseux (Raphaël Eymery) : Oiseux a été embauché pour surveiller 97 dépouilles de femmes datant de la seconde guerre mondiale. Des victimes d'une probable expérience nazie. Il doit juste rester là et prévenir si quelque chose se produit. Intéressant, et pourtant il ne se passe pas grand chose, cela vient de l'ambiance et des personnages improbables. Bien aimé.

  • Holocauste (Christophe Siébert)

    De nos jours, sans qu'on en détermine la cause, la plupart des technologies modernes cessent de fonctionner. Plus de mobiles, plus d'internet, plus de radio, plus de télévision (seul la téléphonie fixe a résisté au désastre). Le monde plonge vite dans le chaos, couvre-feu, état d'urgence, heurts divers, pillages, affrontements entre bandes et forces de l'ordre. Bientôt, cette première catastrophe est aggravée par une épidémie qui frappe par vague et décime 98 % de la population mondiale. Olivia, une pute, survit à la maladie et prend la route. Où va-t-elle ? Que veut-elle ? Elle ne semble pas vraiment le savoir elle-même, mais il faut bien faire face, s'adapter. Et tandis qu'elle progresse, d'autres rescapés font comme elle, tout en tentant de se rassembler, pour peut-être réorganiser une société plus sécurisée, mais rien n'est moins difficile, à part la survie elle-même.

    J'ai déjà lu Christophe Siébert dans ses deux romans parus aux Editions TRASH et j'avais aimé ses récits durs et violents, et j'apprécie peut-être encore plus ici. On retrouve ce même regard sans illusions sur le genre humain, lucide et froid. La base de l'histoire est classique, une catastrophe genre apocalyptique et les rares rescapés qui s'échinent à survivre. Mais le traitement, la façon de raconter rendent l'ensemble différent. La narration est directe, sans fioritures, même si elle propose des descriptions des morts, des décompositions, et des violences qui ne sont pas sans rappeler parfois ses romans TRASH. Ca donne un style vif et nerveux qui entraîne le lecteur (moi donc) et le pousse à tourner les pages. Au final, un vrai bon plaisir de lecture dans exactement ce que j'aime, un apo réaliste.

  • Malpertuis VII

    Une gourmande anthologie de 293 pages (plus une partie bibliographie) composée de 23 nouvelles.

    - Grand-père (Marie Latour) : jolie et émouvante nouvelle, proche du conte où Marie Latour nous narre l'étrange histoire d'une petite fille différente. Vraiment bien.

    - Dette à rebours (Sylvie Dupin) : Charlène prise dans une tempête de neige trouve refuge dans un château où le maître de maison l'accueille avec beaucoup d'hospitalité. Quelques jours plus tard, voulant remercier son sauveur, la jeune médecin ne découvre qu'un bâtiment à l'abandon et inhabité depuis des années. Pourtant, elle n'a pas rêvé, elle en est sûre. Très belle histoire avec une chute que je n'ai devinée qu'en y arrivant. Vraiment bien écrit et bien construit.

    - Le Chemin des épingles (P. Bragg) : Au début du siècle dernier, la protagoniste du récit vit dans un petit village. Elle aime à se réfugier près du lavoir où un jour elle fait la connaissance d'un chat étrange, un chat qui lui ramène les épingles offertes par Jules son premier prétendant. Une belle histoire étrange, un peu mélancolique, et originale.

    - Une larme d’Athéna (Sandrine Scardigli) : Quand Athéna foule sa cité après des siècles, entre incompréhension et nostalgie. Assez étrange, j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire.

    - Sorcière (Élodie Serrano) : Adeline est une petite fille rejetée par ses condisciples. On la traite de sorcière, elle ne comprend pas pourquoi jusqu'au jour où elle tombe dans l'étang gelé. Une belle histoire avec une petite dose d'émotion, mais pas trop.

    - La Ville aux sept portes (François Fierobe) : Le héros de l'histoire achète un œuf de dragon, sans y croire bien sûr, jusqu'au jour où l'oeuf éclot et le dragon naît. Gentillet mais bien écrit.

    - Ligne de flottaison (Pascal Malosse) : Apprécié cette histoire sur un bateau, mais aussi sur les rêves, et sur les choses étranges qui peuvent arriver.

    - Tu ne tueras point (NokomisM) : la violence des abattoirs revisitée. Pas nouveau, mais très plaisant à lire, angoisse très bien retranscrite.

    - Une veine de cocu (Émilie Querbalec) : devenir l'amant de la femme d'un collègue n'est pas toujours une bonne idée, et celui de Lilian précisément, encore moins. Un chouette récit bien mené.

    - Ceci n’est pas un paparazzi (Bruno Pochesci) : Gérard fréquente Zoé, une call-girl qui rêve d'un rôle. Enzo, lui, joue au paparazzi et les photographie. Gérard n’apprécie pas et lui rend visite, et la machine infernale est lancée. Très bon, beaucoup apprécié le déroulé de l'histoire.

    - Les femelles porteuses d’idoles (Raphaël Boudin) : bizarre histoire avec comme pitch principal des prothèses mammaires. Je ne sais pas trop si j'ai aimé ou pas.

    - Naucrates seductor (Jacques Fuentealba) : Victor, après une soirée arrosée, a ramené une jeune femme chez lui. Son but : la droguer et la violer. Mais tout  ne se passera pas comme prévu. Agréable à lire.

    - Ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! (Ghislain Morel) : les jouets, la nuit, sont-ils encore de simples jouets ? Que font-ils lorsque tout le monde dort ? Sympathique histoire, un peu enfantine (peut-être un peu trop pour moi qui penche plus vers le côté obscur de la force).

    - Dorian et les pinpins (Sabine Sur) : Dorian est chargé de récupérer des perles à pinpins, nécessaires à sa tante pour la fabrication de ses sorts. Mais les perles à pinpins ne sont pas toujours évidentes à récolter, certains animaux  y tiennent à leurs perles. Amusant.

    - Monsieur Pourpre (Olivier Caruso) : quand les mortes-vivantes servent de putes dans les bordels, et quand un petit flic se dit que lui aussi pourrait profiter de l'affaire du moment. Tout ce la peut-il finir autrement que mal ? Original, un peu glauque, bien écrite, beaucoup aimé.

    - Le club des montagnards pâtissiers cynophiles (Marlène Charine) : une petite perle celle-ci. Beaucoup aimé cette histoire de quête et de résurrection.

    - L’appel de Latombe (Guillaume Suzanne) : pile poil dans ce que j'aime, donc, pas photo, j'ai aimé. Quand un psychopathe débutant rencontre une victime immortelle. Original.

    - Mortel graffiti (Eric Vial-Bonacci) : Mésidye, un réfugié sdf, vit dans une usine abandonnée et récupère des restants de bombes de peinture pour taguer. Belle histoire sur fond de magie ancestrale.

    - À mourir de rire (Artikel Unbekannt) : quand un rire vous poursuit, devient une obsession, un cauchemar. Halluciné, de l'Artikel version Schweinhund.

    - Danseur étincelle (Manon Bousquet) : Adrien est un petit garçon qui a perdu sa maman dans un incendie. Sa maman était danseuse, il aimerait l'être aussi, mais papa ne veut pas. Il ne veut pas non plus qu'Adrien joue avec le feu, mais Adrien aime les flammes qui dansent comme maman. Joli récit, touchant, et sombre.

    - Le syndrome de Fukushima (Xavier Orti) : Léa a perdu son mari dans le drame de Fukushima, depuis, elle est revenue en Europe avec sa fille Oki obsédée par son père. Et Takashi, son amant de l'époque l'a suivie, veut la récupérer. Encore une histoire assez touchante qui explore en toile de fond les traumatismes d'une catastrophe marquante.

    - Next stop : Paradise (Emmanuel Delporte) : un voyage dans le désert de la mort, une rencontre entre deux personnes paumées. Bien aimé, sans trop trouver quoi en dire de plus.

    - Les mots qui traversent (Élisa M. Poggio) : Léa est une employée exploitée et quasiment maltraitée. Elle souffre d'une empathie trop grande et voudrait que sa boîte aide les malheureux, mais ce n'est pas le cas. Alors Léa s'échappe par les mots. Original et bien écrit, peut-être parfois un peu obscur.

    Au final, une très bonne anthologie avec de bons récits (voire de très bons récits) variés. Je n'ai pas boudé mon plaisir de lecture.

  • Cinquante nuances de Grey (E. L. James) L'intégrale

    J'avais lu il y a quelques temps, le hasard d'un lot, le premier tome. Nouvel hasard d'un lot, j'ai pu lire les tomes deux et trois.

    On y retrouve les mêmes (mauvais) ingrédients que dans l'opus de départ. Des héros cliché à souhait, des situations et péripéties cliché à souhait, des scènes de fesses cliché à souhait, une fin cliché à souhait. C'est mièvre, fleur bleue, neuneu, gnangnan et tout ce qu'on peut trouver de qualificatifs dans le genre. Et pourtant, j'ai lu jusqu'au bout, en survolant quand même plusieurs passages, dont beaucoup des scènes de fesses. Alors pourquoi n'ai-je pu m'empêcher de lire jusqu'au bout ? Bonne question, mais question sans réponse. Réellement, c'est mauvais et peu crédible, caricatural à mort. En vrai, ça me sidère même un tel niveau d'invraisemblance. Alors peut-être est-ce là la réponse, lire pour toujours se confirmer qu'on ne se trompe pas.

    Rappel du pitch de l'histoire : Anastasia, jeune fille pauvrette, n'ayant jamais connu l'amour bien sûr, tombe follement amoureuse de Christian, multimilliardaire aux mœurs dévoyées, mais juste ce qu'il faut pour ne pas l'être trop. S'ensuivent les diverses étapes de leur relation, agrémentées de moult galipettes (non mais sérieux pire que des lapins ces deux-là), vaguement sado-maso, pour terminer par un happy-end attendu, le malheureux milliardaire pratiquement guéri de ses pulsions par le miracle de l'amour.
    Bref, un best-seller dont on se demande pourquoi il l'est. C'est plutôt du niveau d'un Harlequin érotique.

  • On a rempli les cercueils avec des abstractions (Kââ)

    Geoffroy Rouvieux est un informaticien accro au poker. Une mauvaise main et le voilà avec une dette de 150 000 francs. Pour rembourser ce qu'il doit, on lui propose d'acheminer une voiture jusque Marseille. Acculé, il accepte. Mais que transporte cette voiture ? Et qui sont tous ces gens qui semblent le suivre, et le suivent d'ailleurs ? Dans quel merdier s'est-il fourré ? Tout en essayant de mener à bien sa mission et d'échapper à ses poursuivants, Geoffroy tente de comprendre et de se tirer de ce mauvais pas. A-t-il seulement la moindre chance d'y arriver ?

    Sympathique roman. Kââ mène son intrigue de main de maître, distillant ses info petit à petit. On est tout aussi paumé que son héros. Comme souvent dans les romans de l'auteur, on sent une inéluctabilité imparable, une impossibilité de prendre la main, des intérêts trop grands, un personnage incapable de vraiment se débattre et résister, même quand il essaie. Tout cela est très bien fait, très logique de bout en bout. Un seul bémol, la fin que j'ai touvée peut-être un peu trop facile, même si j'aime bien la toute fin, l'idée d'une parenthèse.

  • Sang futur (Kriss Vila)

    Paru initialement en 1977, et réédité en 2008, Sang futur est un coup de poing, une écriture qui cogne, sans chichis, violente et qui vous agresse presque. On y suit le parcours de plusieurs punks, dont Dikkie-La-Hyène, meurtrier recherché par un flic en train de se perdre dans sa haine. Et puis aussi El Coco, écrivaillon fasciné par le White Flash Club dont on se demande s'il écrit vraiment. Et plein d'autres, tous à la dérive, drogues alcool musique, comme un credo unique dans leur vie.

    C'est un bon livre loin du consensuel, un livre sur une époque, qui claque.

  • Noir et rouge (Artikel Unbekannt/Schweinhund)

    Fini ma lecture de Noir et rouge paru aux Editions Rivière blanche en octobre 2016. Une lecture intéressante, plaisante, diversifiée, où l'on a la joie de retrouver toutes les palettes de cet auteur multifacettes. Dans ce recueil se trouve rassemblée l'ensemble des nouvelles parues dans diverses anthologies, augmentée de quelques inédits. Le livre est découpé en quatre parties, où l'on peut s'amuser à essayer de deviner qui d'Artikel ou de Schweinhund est aux commandes.

    Slice of death : composée de six récits où la réalité se mélange aux cauchemars.

    A mourir de rire : j'y ai bien reconnu le style "halluciné" de l'auteur dont on ne sait pas toujours situer la frontière entre mirages et réalités. C'est assez étouffant. La folie du personnage est bien rendue, tout comme son obsession pour ce rire. On a tous déjà entendu des rires qui nous irritent, on entre bien dans son délire.
    Rouge : encore plus halluciné, avec une frontière encore plus floue entre les mondes du réel, du fantasme et de la possession. Là aussi, on étouffe sous les mots. C'est une ambiance quasiment anxiogène, très bien faite. C'est aussi une des raisons pour lesquelles, on ne peut pas lire les textes l'un après l'autre. Une pause est bien nécessaire pour respirer, digérer, et assimiler.
    Passé décomposé : une histoire d'amour maudite, sombre, mais à l'atmosphère moins étouffante que les deux premières nouvelles. L'inéluctabilité du destin, et ce qui doit arriver arrivera, de toute façon. J'apprécie cette noirceur.
    Jaune : je dois avouer que je ne suis pas sûre d'avoir compris la fin. C'est assez rare quand je lis l'auteur, mais ça m'a un peu laissé une impression plus mitigée, même si j'ai aimé le ton de l'histoire, et ce côté mémoire en fuite qui revient petit à petit, pour le pire.
    Retour aux sources : un style moins haché, plus fluide, pour une histoire où j'ai deviné assez vite les dessous. Ce qui n'empêche qu'elle m'a plu, bien sûr. C'est toujours aussi maîtrisé et prenant. Car même dans un style moins cogneur, l'atmosphère reste lourde.
    A feu et à sang : celle-là, je l'avais découverte dans L'almanach des vampires, et je l'avais vraiment beaucoup aimée à l'époque. Je l'ai relue, et je l'apprécie toujours autant. C'est la plus "douce" (si tant est qu'on peut parler de doux pour les récits de l'artiste), la plus sensuelle aussi, de cette première partie. On vit les émotions du protagoniste jusqu'à l'épilogue.

    Pulp is not dead : à nouveau six récits, hommages à des auteurs, à des oeuvres. Il m'a été plus difficile d'entrer dans ces nouvelles. Pas à cause du style, impeccable, comme d'habitude. Pas à cause d'histoires que je n'aurais pas comprises, tout est très fluide. Non, cela vient de moi et de mon inculture. Il s'agit de textes "hommages" et malheureusement la plupart des œuvres originelles me sont plus ou moins inconnues. De là, j'ai ressenti une sorte de manque. Compliqué pour moi d'apprécier à leur juste valeur ces six textes.

    Dark night : un petit garçon qui fait des cauchemars, un film au cinéma le soir, une rencontre dans les rues ensuite. Une courte histoire, bien écrite, avec une petite chute que je n'ai pas vue venir. Très bien écrite, peut-être un peu courte et rapide. Je ne sais pas trop quoi en dire de plus.
    La tension de la stratégie : j'ai préféré ce récit-ci, alors même que je ne connais pas du tout l'oeuvre originelle. Une enquête sur un incendie, un antagoniste d'ailleurs, du suspense, des personnages accrocheurs. Vraiment sympa.
    Aliénation : dans celui-là, il y en a quand même un, j'ai vu l'hommage à un film qui reste un de mes préférés. Du coup, contente je suis, mais on s'en fout. En tout cas, j'ai beaucoup apprécié l'histoire de cet androïde un peu dépassé par les événements, certains clins d’œil que j'ai repérés (j'ai dû en louper aussi), la progression de l'intrigue. C'est mon top de cette partie.
    Le masque et la marque : cette nouvelle, j'en ai bien sûr apprécié la lecture, mais ne connaissant aucun des personnages extirpés d'autres romans, je n'ai malheureusement pas pu l'apprécier à sa juste valeur. C'est l'exemple type d'histoires où j'ai ressenti le manque dans mes connaissances. Vu cette inculture, je ne peux pas en dire grand chose, juste qu'elle est très bien écrite et très bien menée, et qu'elle devrait plaire aux amateurs des Fleuve noir Angoisse.
    Le péril jaune : celle-ci rejoint la précédente. Je ne connais pas les histoires de départ, il me manque donc un truc pour rentrer complètement dedans. Et pareillement à la précédente, elle est pourtant superbement écrite.
    Travaux forcés : par contre, ici, malgré, encore une fois, mon ignorance, j'ai pris plus de plaisir. Peut-être grâce à une histoire qui pourrait presque coller à n'importe quel écrivain dont on est fan. Aussi apprécié les petites allusions vers des éditeurs. Bref, elle est amusante.

    No future : trois nouvelles pour cette partie-ci. Qui partent vers l'apo ou le catastrophe, dans un style qui emprunte, je dirais, aussi bien à celui d'Artikel qu'à celui de Schweinhund.

    - Japon, année zéro : Kiyochi, Kumiko, Kojima, trois jeunes gens ayant fait leurs études ensemble, liés par l'amour et la haine, dans un Japon juste avant Hiroshima. Un trio en route vers un étrange destin. Rondement mené, pour un récit s'extirpant des ruines d'une des pires horreurs commises par l'humanité.
    - Angst : dans le Berlin de l'immédiate après-guerre, une histoire mêlant anciens nazis et expériences contre-nature. Comme pour la précédente nouvelle, on plonge dans une période noire de l'histoire pour contempler ses blessures et ses cicatrices. Un beau texte.
    - Caïn et la belle : un homme se réveille sans mémoire dans un monde post-apocalyptique. Qui est-il ? D'où vient-il ? Que s'est-il passé ? Une quête vers les souvenirs et la compréhension, puis la rencontre et enfin les réponses. Un beau récit de fin du monde, assez sombre et sans espoir, que j'aime beaucoup.

    White trash : un ensemble de quinze nouvelles, dont j'en connaissais déjà plus de la moitié, puisque huit d'entre elles furent publiées à l'origine dans Dimension Trash. La partie plus rouge du recueil. Celle où l'on retrouve Schweinhund dans ses obsessions pour les cauchemars, la folie, l'horreur, ou la violence.

    - 1985-1990 : l'auteur compose une ode à une de ses références, la collection Gore du Fleuve noir. Le tout mélangé de folie. Bel hommage.
    - La chambre noire : j'en avais découvert une version courte, il y a déjà pas mal de temps. La voici rallongée, mais j'y retrouve toute sa noirceur et sa paranoïa. Encore, le thème de la folie décliné d'une autre manière.
    - Légion : une sorte d'incantation folle, sombre, et oppressante, où l'auteur joue avec les mots comme il aime à le faire. Et toujours cette folie sous-jacente.
    - Quinze minutes : ici, nulle folie, juste du sale, du trash. Plus direct et cogneur, aussi bien dans l'histoire plus ancrée dans la réalité, que dans le style violent.
    - Bon sang ne saurait mentir : dans celui-ci aussi, nous retrouvons la folie, mais dans le style moins halluciné de la précédente, juste la violence, avec un côté un peu décalé qui arrive à faire sourire.
    - Löwenacht : une sorte de pamphlet contrre le consumiérisme, mais avec le style propre à Schweinhund, ça devient autre chose, un récit à nouveau halluciné.
    - Profondo nero : celle-ci reste à part pour moi. Je l'ai découverte il y a plus de deux ans, et si ce n'était pas le premier récit de l'auteur que je lisais (le deuxième si je ne me trompe pas), c'est celui qui me l'a vraiment fait découvrir et apprécier. Un récit sombre, où tout se cache dans les détails, où la folie est hallucinée comme pour d'autres textes, mais avec un rapport clair à son origine, à son horreur.
    - 2013-2016 : l'autre nouvelle qui se taille une place à part. Lorsque je l'ai découverte dans Dimension Trash, je l'ai beaucoup appréciée, un bel hommage aux auteurs Trash. Mais ce plaisir fut accompagné d'une petite pointe de déception, les derniers auteurs à rejoindre Trash ne s'y trouvaient pas évoqués, faute à une dead-line trop juste. L'auteur l'a reprise un peu, et c'est avec joie que je m'y suis retrouvée. Alors merci, ce sont quelques lignes qui m'ont fait extrêmement plaisir.
    - Contre-nature : cauchemar de grossesse, très malsain et sombre.
    - S.O.S. : un peu de claustrophobie, un peu d'agoraphobie, un peu de phobie tout court, et une promenade dans un New York écrasé par la chaleur, plaisante à suivre.
    - Confrontation : beaucoup moins de violence, même si elle reste à l'âffut. J'ai bien aimé cette histoire de confrontation avec ses personnages peut-être pas si improbables que ça.
    - L'altro inferno : un texte, presqu'une litanie où s'évoquent la religion, l'enfer, le mal, d'ici et d'ailleurs. Un récit puissant.
    - Blutwurst : l'histoire d'un homme à un concert, ou d'un petit garçon, ou d'un fantôme, on choisit, comme on veut, mais c'est sombre et ça fait mal.
    - L'oeil du serpent : hommage à Kââ/Corsélien, dans le style à Schweinhund, un mélange de pensées folles et une réalité brute.
    - Corps et liens : comme le précédent, un hommage au même auteur. Schweinhund y joue avec les mots, avec délectation, ça donne le résultat habituel, un texte halluciné, étouffant, oppressant, sombre, et malsain, où l'on devine l'histoire par petits coups, petites phrases, et le puzzle se met en place doucement.

    Artikel Unbekannt et Schweinhund soumis à la question par Zaroff : une interview menée par Zaroff, auteur Trash des opus "Night stalker" et "Bayou", où le compositeur du présent recueil se livre (un peu) sur lui-même, ses références, sa façon d'écrire.

    Pour conclure, je dirais que "Noir et rouge" est un livre à lire à son aise, parce que le sentiment d'oppression éprouvé sur la plupart des nouvelles invite à une pause. Il faut prendre le temps de digérer les textes, de les assimiler, parfois de passer derrière les mots, pour découvrir le sens caché. Schweinhund/Artikel est un orfèvre qui cisèle chaque phrase, les amenant loin dans la stylistique. C'est parfois ardu, ça donne un résultat étonnant, mais surtout, c'est intense, une façon de procéder que je n'ai encore jamais trouvée chez aucun autre auteur. Ca le met à part, une personnalité littéraire unique, ce qui en fait sa force.

  • 36 synopsis (Jean-Pierre Andrevon)

    J'ai reçu ce fin bouquin, une cinquantaine de pages, avec une commande passée chez Dreampress. Petit cadeau sympa et livre qui m'a intriguée. J'ai commencé à le lire le jour-même. Jean-Pierre Andrevon y compile donc 36 synopsis d'histoires non-écrites, chacun d'eux faisant d'une demi-page à maximum deux sur l'ensemble. Vraiment sympathique à lire, et si bien sûr, pour certains on sent le synopsis pas encore abouti, sur beaucoup, on a l'impression de lire des courtes nouvelles, certaines étant publiables en l'état.

    En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette petite chose. Alors, si vous avez l'occasion, pourquoi pas tenter.

  • Maléfices (B.R. Bruss)

    Les habitants de Barsec et Saint-Galais inaugurent le nouveau pont qui relie les deux villages et évite les longs détours, mais la fête est ternie par un accident aux abords immédiats du nouvel édifice. Puis d'autres accidents surviennent. Tant que les gens du coin finissent par croire l'endroit maudit et l'évitent. Gérald, bien loin de là, tombe sur un article relatant cette succession d'accidents souvent mortels. Et il fait le rapprochement avec ce qu'il a vécu deux ans plus tôt sur la propriété de son père. Pour persuader le sous-préfet de la nécessité de détruire le pont, il va lui raconter son histoire, comment il a rencontré Elina dont il tombera amoureux, l'agression par des chiens devenus fous d'un vieux colonel, tous les faits bizarres ensuite.

    Une classique histoire de maléfices, dont l'originalité vient de la cassure entre la première partie du récit, la plus courte, et la seconde, le flash-back. Bien aimé, même si cette fois nous avons droit à un happy-end.

  • Il sera une fois (Southeast Jones)

    - Barbares ! : sur Manamée, c'est la panique. Les barbares arrivent. Pour les colons, la fin est proche. Mais qui sont ces envahisseurs disposant d'une telle puissance qu'ils sont capable d'éradiquer toute vie sur une planète puis de lentement la soigner ? J'aurais dû me douter de comment du pourquoi, et pourtant je n'ai rien vu venir, donc, j'ai été cueillie par l'histoire.

    - Contrat : le protagoniste veut être éternel, c'est sa seule exigence et il n'en démord pas face à Zazel, un démon avec lequel il négocie. Beaucoup apprécié cette petite nouvelle vaguement ironique.

    - Emancipation : l'homme vit en agoraphobe dans une maison dont il ne sort plus depuis des années. Il a peur et on revit sa vie jusqu'à sa claustration volontaire. Bien écrit, on ressent assez bien les sentiments et émotions du personnage.

    - Divergence d'opinion : les Cohos et les Mahjs sont en guerre depuis déjà bien longtemps. Tumen a échoué dans une dernière tentative pour leur faire comprendre qu'ils sont tous frères. Dire que tout vient d'une divergence d'opinion sur la barbe ou pas des croyants. Mais il est l'heure d'utiliser l'arme ultime. Bonne petite histoire avec bonne petite fin.

    - Question de foi : le pape Paul VII attend les voyageurs, des extraterrestres qui l"ont choisi pour une première rencontre et des révélations. Rien à redire, mais moins mon style, juste une question de goût sur le sujet.

    - Rétrocession : Ishmaël est un vieux marin qui n'en a plus pour longtemps. Dans un bar, il rencontre Marion, un jaunasse, un jeune qui va embarquer pour la première fois. Il lui raconte succinctement son histoire puis lui fait cadeau de son journal. Et Marion va réaliser que oui, le vieillard avait raison, l'espace c'est magnifique, il vous change direct. Très jolie histoire pleine de sensibilité.

    - Jonas : celle-ci, j'en ai lu la version un peu plus courte dans l'anthologie "Sales bêtes !". Plus qu'à remonter le fil des articles pour en lire ma mini-chronique. Je rajouterai juste que je pense avoir préféré la version courte.

    - Trip : le protagoniste, on pourrait le qualifier de geek absolu. Tellement qu'il est prêt à foncer vers toutes les nouveautés. Sympathique récit qui pointe une des nouvelles dépendances de notre société. Bien aimé.

    - Grand-veille : la grand-veille est un jour de fête où l'on célèbre une personne qui va mourir, avant de renaître sous la forme d'un clone. L'adolescent, héros de l'histoire, ne peut s'empêcher d'être un peu triste de voir partir sa mère, alors que son petit frère ne voit que les plaisirs de cette fête. Très sympa aussi, j'ai beaucoup aimé cette nouvelle plus profonde qu'il n'y paraît et avec une fin inattendue.

    - Notre-Dame des opossums : comme pour Jonas, je l'ai lue ailleurs, dans l'anthologie "Folie(s)" pour être précise. Et donc, comme pour Jonas, plus qu'à remonter le fil des articles pour (re)voir ma chronique. Malgré tout, je redirai quand même que c'est une très bonne histoire.

    - Début de semaine : le président des Etats-Unis doit déclencher l'arme ultime, pour laisser une chance aux hommes, pour éviter les lancements des bombes nucléaires partout dans le monde. Encore une nouvelle que j'ai grandement appréciée.

    - Le C.R.I.M. était presque parfait : Doom est un drôle de savant, il rêve ses inventions et au réveil, il les construit, sans plans, juste sous l'impulsion. La dernière, le C.R.I.M., lui semble être une porte vers d'autres dimensions. Challenger qui le supervise est intrigué : où disparaissent tous les objets ? Tellement intrigué qu'une idée folle lui vient. J'ai aimé l'idée et les personnages, mais un peu déçue par la fin.

    - Le temps du repos : une créature millénaire attend et se remémore toute sa cruauté, sa faim dévorante et toujours pas apaisée. Sympa, mais je crois que j'aurais aimé un peu plus de gras.

    - Noël lointain : Dumontier affirme au prévôt avoir vu le père Noël, mais l'homme lui affirme que c'est impossible, pas aussi loin de la terre, et puis même les enfants ne croient plus au bonhomme en rouge. Pourtant Dumontier sait ce qu'il a vu sur cette planète que les colons partagent avec les natifs de l'endroit, pacifiques et festifs extraterrestres. Amusante je dirais pour celle-ci. Une fin qui transforme le tout et donne une autre vision de l'histoire.

    - Les enfants de nos enfants : dans cette nouvelle, nous suivons les possibles évolutions de l'homme. J'ai beaucoup aimé l'imagination de Southeast pour cette histoire. Elle clôture bien le recueil.

    Un bon livre. Je ne suis pas une fan de science-fiction, mais de temps en temps, j'aime bien me laisser dévergonder par un auteur imaginatif. Et c'est le cas ici. Tous ces futurs sont bien écrits, bourrés d'idées, on y entre de bon gré et avec plaisir.

     

  • Sales bêtes ! (Artistes fous associés)

    Les maîtres ne vinrent plus (Ludovic Klein) : dans cette première nouvelle, on suit l'histoire d'animaux d'un zoo japonnais durant la seconde guerre mondiale. Leur sort, décrété par le gouvernement, est de mourir. Si pour certaines de ces bêtes, la mort se passe rapidement, il n'en va pas de même pour les éléphants. Une très jolie histoire, très touchante.

    Pfuugs (Mathieu Fluxe) : le narrateur de l'histoire a un bec-de-lièvre et bien du mal à s'accepter. Il court les speed-dating, maquillé pour cacher sa tare, en espérant un jour peut-être rencontrer quelqu'un. Et voilà que Minxy lui propose un rendez-vous et l'emmène dans un endroit fréquenté par des adeptes de l'homme-animal. Pfuugs va-t-il enfin pouvoir s'accepter. Encore un récit empreint d'émotions que j'ai apprécié.

    Pluviôse (Adam Roy) : cette fois, on se retrouve dans les sentiments et les émotions d'un insecte (enfin, je crois) différent des autres de son peuple, une sorte d'handicapé toléré qui va aider à la naissance de son frère ou sa soeur, en espérant que cette fois, l'enfant soit sain. Histoire étrange, mais bien plaisante.

    Un arrière-goût d'éternité (Morgane Caussarieu) : Jimmy a accepté d'accompagner Ed dans une drôle de pêche à laquelle il ne croit pas. Ils sont censés attraper une créature qui leur donnerait de grands pouvoirs. Est-ce bien raisonnable que de vouloir se frotter ainsi à l'inconnu ? Prenant et sympa à lire.

    La parole du rhinocéros (Ana Minski) : on suit les pensées d'un rhinocéros de sa savane à une cage. Sympathique, mais il m'a manqué un petit truc.

    La bête noire (Julien Heylbroeck) : dans un village très paisible, on vit sans nul problème depuis très longtemps. Mais depuis peu, un énorme sanglier sème la panique. Même la Marno, la doyenne, ne semble pas avoir les solutions pour se débarasser de la bête. Julien nous offre une nouvelle rythmée qui se lit de bout en bout avec avidité. Beaucoup aimé.

    La solitude du soleil le vendredi soir (Diane) : la narratrice semble sombrer dans une folie zoomorphe. Elle est persuadée qu'elle se transforme en poisson. Plaisant à lire, mais pour celle-ci aussi il m'a manqué le petit truc.

    Tous les singes ne vont pas au paradis (Vincent Leclercq) : sur un bateau, un carnage a eu lieu durant la nuit. Plusieurs marins sont morts d'horrible façon. Et pas moyen de trouver un quelconque coupable, aucun passager clandestin ne semble être monté à bord. La tension monte. Et si la bête était tapie au coeur de l'un d'entre eux. Beaucoup aimé cette histoire de monstre sanguinaire.

    Le deuxième événement (Ludovic Klein) : dans la tête d'un chat ayant subi l'attaque nucléaire d'Hiroshima, on suit sa métamorphose. Plutôt sympa à lire.

    Cobaye #27 (Eric "Udéka" Noël) : l'évasion d'un rat ayant acquis des pouvoirs après des expériences cruelles dans un laboratoire. Apprécié cette nouvelle sur des bestioles dont je suis phobique.

    La condition inhumaine (Maniak) : Lisa est enfermée dans un placard, séquestrée par un taré. Lisa est toute petite, il fait noir, les insectes la terrorisent, et encore plus le malade qui l'a torturée à coups de tournevis. Mais Lisa peut peut-être s'échapper. Une histoire qui touche au ventre, avec une touche de fantastique. Beaucoup aimé.

    La dépression du chat (Gallinacé Ardent) : Domi est un chat monstrueusement énorme réfugié dans un sous-sol. Il reçoit la visite de son tortionnaire et lui demande de le laisser mourir. Drôle d'histoire. Je ne sais pas trop si j'ai aimé, mais elle est originale.

    Parasite (Vincent T.) : le journal d'un homme arrivé sur un monde étrange, et atteint d'une soif incontrolable qui le fait rester où il est en s'abreuvant sans cesse. La nouvelle est très sympa, mais j'ai deviné de suite le fin mot.

    Jonas (Southeast Jones) : Jonas raconte son histoire à un journaliste. Jonas paraît fou et affirme avoir été avalé par un monstre planétoïde. Originale déclinaison de la légende de Jonas et la baleine, que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.

    L'ascension des suicidés (Ana Minski) : le petit Hans se jette d'un pont, mais au lieu de mourir, il rejoint un endroit étrange où il retrouve sa mère, suicidée elle aussi. Assez étrange comme nouvelle, pas plus accroché que ça.

    La mélodie des bois (Vincent Leclercq) : Félix s'est installé sur une nouvelle planète avec ses parents, mais Félix a le mal du pays et de Ficelle, son animal de compagnie resté sur terre. Alors, lorsqu'il découvre de drôles de petites créatures sympathiques et joueuses, il ne peut pas s'empêcher de les suivre. Jolie nouvelle avec une touche de merveilleux qui m'a beaucoup plu.

    Notre-Dame des opposums (Southeast Jones) : une expédition s'est posée sur la planète-mère, le berceau de la civilisation. Sur cette terre abandonnée voilà bien longtemps survivent encore quelques tribus d'hommes qui semblent apathiques, et des opposums, seuls animaux paraissant avoir survécu. Bientôt, l'équipage va comprendre l'étrange lien liant les deux espèces. Très original, j'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture.

    Manger les rêves (Romain d'Huissier) : Tetsuya est promis à la succession de son père comme chef de clan. Et la nuit, un démon des rêves découvre ses songes cachés, songes dont il va se nourir ainsi qu'il le fait toutes les nuits des rêves des humains. Légende nippone agréable à découvrir.

    Tau Rho (Herr Mad Doktor) : Dans cette nouvelle, on suit Thor, né d'une vache et pourtant avec un corps humain surmonté d'une tête bovine. Toute la vie de ce singulier garçon est évoquée, de ces jeunes années à la ferme de son père adoptif, jusqu'aux différents métiers exercés, en passant par sa scolarité. Détonnante nouvelle qui revisite le mythe du minotaure. Beaucoup apprécié ma lecture.

    Clic (Maniak) : Carl et Joseph se sont introduit dans un laboratoire afin de libérer les animaux enfermés. Sympa, mais peut-être trop court, avec une fin bizarre. Je ne sais pas si j'ai aimé je dois dire.

    Beaucoup de plaisir à lire cette anthologie aux nouvelles diverses et plaisantes. Bien sûr, j'ai encore une fois mes préférées, mais toutes ont cette écriture maîtrisée et personnelle.

  • Folie(s) (Artistes fous associés)

    - Nuit blanche (Sylvie Chaussée-Hostein) : Martha démarre seule de son chalet de vacances dans les montagnes rejoindre son mari et ses deux enfants, partis plus tôt. Une tempête de neige s'amorce, mais sûre d'elle, elle continue sa route. Bientôt, elle croise un jeune homme en jean et tee-shirt, transi de froid. Logan, d'après ses dire, s'est fait dévalisé son campement. Un peu réticente, elle ne peut pourtant pas le laisser au milieu des éléments déchaînés. Et à la radio, on parle d'une évasion d'un hôpital psychiatrique. Le trajet risque d'être long. Bien aimé cette nouvelle assez classique, en huis-clos dans une voiture. Bémol, j'avais deviné la fin.

    - La couleur de la folie (Eric Udéka Noël) : Le patron voit la couleur de la folie, l'aura pourrait-on également nommer cette couleur. Bernar, lui, est son chauffeur depuis des années, totalement dévoué. Grâce à ses dons, le patron parvient à guérir les démences. Les deux hommes voyagent en permanence. Mais cette fois, le patron n'est pas à la recherche d'un fou, mais en route vers son successeur, un petit garçon pris au piège dans un village atteint de démence meurtrière. Idée originale et bien traitée, plaisante à lire de bout en bout.

    - Cauchemars (Maniak) : Un homme se réveille dans une chambre inconnue. Des bruits visqueux lui parviennent dont il va chercher l'origine. Dans une salle de bain, il découvre, au fond de la baignoire, une créature rose, une sorte de vers dégueulasse qu'il va laisser là, car les bruits continuent, semblent venir d'en haut. Un cauchemar bien retranscrit avec une chute inattendue.

    - Coccinelles (Emilie Querbalec) : Une femme vient d'accoucher et se retrouve un peu perdue devant son nouveau-né. Bientôt, des coccinelles envahissent la chambre, s'attaquent à son fils. Après avoir fait fuir les bestioles, personne ne veut la croire. Petit à petit, la mère s'habitue à l'enfant, mais les coccinelles sont toujours là. Etrange histoire où on ne sait pas vraiment où se situe la folie.

    - Le même sang coule dans mes veines (NokomisM) : Une petite fille découvre qu'elle souffre d'une "tare" familiale ancestrale héritée de son père. Ils doivent tuer, ils n'y peuvent rien. Sans être très originale, nouvelle bien écrite.

    - Marie-Calice, Missionnire de l'extrême (Nelly Chadour) : Marie-Calice part sauver des âmes dans un festival de musique métal, persuadée que le diable et ses démons se cachent dans ce rassemblement obscène. Sur place, partout, elle voit la manifestation du mal. Il ne faut pas faiblir. Nelly Chadour nous offre une de ses nouvelles pleine d'humour. J'ai bien ri en imaginant la bonne soeur au milieu des métalleux. Texte vif et entraînant.

    - La nuit où le sommeil s'en est allé (Cyril Amourette) : Concept dont je raffole. Un jour, sans raison, le sommeil a disparu sur toute la terre. Impossible de s'endormir. Et la lente descente aux enfers commence. Car on ne peut vivre indéfiniment et sainement sans sommeil. Une de mes nouvelles préférées du recueil, le genre de situation surréaliste qui m'accroche toujours.

    - Entre-deux (Louise Revoyre) :Difficile à résumer. Un homme qui semble déranger, deux femmes qui ont traversé sa vie, des murs qui ont changé sa vie. Pas trop accroché parce que je n'ai pas vraiment tout compris.

    - La convenance de la bête (Leith) : Une catastrophe terrible est annoncée depuis un moment. Des mesures ont été prises par le gouvernement : lorsqu'elle arrivera, tous descendront dans des abris. Pierre y a sa place. Mais voilà, lorsque la sirène retentit, Pierre est bloqué dans les toilettes et n'arrivent pas à en sortir. Pour s'en tirer, il n'a qu'une solution, se souvenir. Apprécié, même si j'ai deviné dès le début vers quoi on se dirigeait.

    - C15 (Herr Mad Doktor) : A New York, on a instauré le C15, 15 minutes par mois qui tombent soudainement et où l'on peut faire tout ce que l'on veut. Jonathan est européen et se trouve sur place pour faire un article. Sympa comme idée qui m'a rappelé un film que je n'ai pas vu, mais dont la bande annonce évoquait une nuit par an où l'on peut faire tout ce que l'on veut (et j'ai oublié le titre).

    - Jour gras (Southeast Jones) : Des disparitions dans un petit village paumé. André et sa femme Simone qui ont perdu leur fils quelques temps auparavant dans un accident. Un flic qui vient enquêter. J'ai vite compris où on allait, ce qui ne m'a pas empêchée d'apprécier ma lecture.

    - Le maître des bélougas (Julie Conseil) : Dans un hôpital psychiatrique, un nouveau vient d'arriver, Niels. Il affirme au narrateur de l'histoire qu'il va repartir vers une autre dimension où il est le roi. Pour ça, il lui faut de l'électricité. Et puis, pourquoi le narrateur ne le rejoindrait-il pas dans son monde. Une histoire qui montre bien certaines folies (ou du moins l'image qu'on peut en avoir). Avec une bonne fin. Bonne lecture.

    - La maman de Martin (Morgane Caussarieu) : Martin adore sa maman, il ne vit que pour elle. Celle-ci l'a adopté, mais peine à avoir une vraie relation avec lui. Souvent dépressive, elle passe de l'affection à la colère. Lorsque son mari la quitte, sa dépression s'amplifie et un lien plus fort s'installe entre mère et fils. Jusqu'à ce qu'un nouvel homme entre dans sa vie, un rival pour le gamin. Bonne histoire sur la relation mère-enfant, avec une touche de fantastique pour épicer.

    - Europe (Pénélope Labruyère) : Une expédition s'est posée sur le sol d'Europe. Très vite des phénomènes étranges apparaissent, les astronautes ont des visions de créatures étranges qui leur demandent de partir. Mais la mission avant tout. Un récit de science-fiction, c'est cool, ça change et c'est bien écrit, on ne boude pas son plaisir. Dans mes nouvelles préférées de l'anthologie.

    - Sanguines (Adam Roy) : Un jour, il y a longtemps, la lune est devenue pourpre et des pluies sanglantes ont commencé. Le phénomène a entraîné la fin des hommes l'un après l'autre. Seules restent des femmes qui ont tenté jusqu'au bout du dernier homme de tomber enceinte. Sans succès. Jusqu'à ce qu'Ava annonce attendre un heureux événement. Ava peut-elle redonner naissance à l'humanité ? Beaucoup aimé aussi ce post-apo. Sur mon podium.

    - Transfert (Julien Heylbroeck) : Beaucoup de difficultés à suivre cette histoire, je m'embrouillais trop dans le dialogue. Qui parlait à tel moment ? Les deux protagonistes se ressemblaient trop. Du coup, j'ai eu du mal à apprécier ma lecture. Pourtant cette conversation entre un toubib et un patient est assez vive, mais voilà, je ne suis pas rentré dedans.

    - Les soupirs du voyeur (Corvis) : Le protagoniste est un impuissant. Malgré tous les médecins, le diagnostic est clair, jamais il ne bandera. Mais la nuit, depuis peu, il rêve d'ébats très chauds. Il rencontre des tas de femmes différentes, dans des tas de situation. Jusqu'au jour où il se rend compte qu'il partage la tête d'un libertin forcené aux fantasmes nombreux. Parfois le narrateur est honteux de ce qu'ils ont fait la nuit. Mais qui peut-il ? Il n'a pas le pouvoir, et c'est si bon. Aussi dans mon top, même si j'avais un peu deviné la fin.

    - Le décalage (Ludovic Klein) : Le quotidien du narrateur qui essaie de se reconstruitre après un enfermement psychiatrique. Sympa, bien écrit, belle description de la psyché du héros, mais il me manque un petit quelque chose pour m'emporter vraiment.

    Une anthologie agréable à lire, de bons textes dont certains que j'ai beaucoup aimé. Mais aucun n'est mauvais, tous ont quelque chose qui ne fait pas regretter sa lecture.

     

  • Blood-sex n° 2 (Necrorian)

    Blood-sex fut mon premier gore et j'avais beaucoup aimé. Dans cette suite, on retrouve Vanessa échappée d'un asile psychiatrique en compagnie de Fabien, un autre dégénéré. Ils trouvent refuge dans le bayou, endroit déjà bien sordide qui va le devenir encore plus avec le passage des deux psychopathes. Après le meurtre d'une pute noire et de son vieux compagnons, le sheriff Westwood enquête tout en tentant de prévenir toutes les familles isolées de la région.

    Niveau gore, le bouquin fait le boulot, on en a clairement pour son argent, ça gicle de tous les côtés, et question sexe, pareil, ça gicle aussi, parfois les deux en même temps. Peut-être un peu moins maîtrisé que le premier opus, il se laisse lire malgré tout très agréablement. Niveau personnages, aucun n'est réellement attachant, ce qui fait qu'on garde du recul et que leur sort ne nous affecte pas. Ils sont tous là, au fond, pour servir de chair à canon.

  • Symphonie pour l'enfer (Alain Venisse)

    Après un prologue où un jeune voleur à la tire fait le mauvais choix de rapt et termine dans le néant, on découvre Gary, chineur amoureux de vieux vinyles ayant repéré une boutique jusqu'alors inconnue. A l'intérieur, il découvre une partition qu'il ne peut s'empêcher d'acheter alors même qu'il ne connaît rien au solfège. Le soir, avec son amie Lucie, il se rend chez son ami Carlos où à l'étonnement général, il se révèle capable de jouer la mélodie. L'air qui s'échappe de l'instrument est tellement dérangeant que Lucie l'interrompt et sort Gary d'une sorte de transe. Petit à petit, le jeune homme tombe sous l'emprise de la partition. La jouer a un but qu'il n'a de cesse de vouloir découvrir.

    Une inspiration lovecraftienne pour ce roman puisqu'on y découvre Cthulu et autres grands anciens, mais je ne peux en dire plus sur l'influence puisque je n'ai jamais lu Lovecraft. En tout cas, l'histoire est plaisante à lire, suffisamment entraînante que pour garder les yeux sur le livre jusqu'au bout. La fin en forme de boucle conclut pas trop mal le récit, même si j'aurais espéré un dénouement moins convenu.

  • Maraudeur (Laurent Fétis)

    Samir est un flic mis, depuis cinq ans, sur une voie de garage à la suite d'une interpellation qui a mal tourné. Premier à répondre à la découverte du cadavre d'une anglaise, on le laisse sur l'affaire. Peu d'indices, peu de témoins, l'enquête n'avance que lentement. Mais Samir est obstiné, et c'est pour lui l'occasion de retrouver le terrain, et peut-être d'y rester ensuite. L'affaire semblant mettre en cause un taxi, ce sera aussi l'occasion pour lui de renouer avec Ronan, son ancien partenaire, blessé par une de ses balles cinq ans plus tôt.

    Dans cette histoire, on a l'impression de regarder le travail des policiers comme il doit souvent se passer, pas d'esbrouffe dans l'enquête, pas de grandes actions, juste avancer petit à petit par des recoupements, des témoignages anodins, quelques intuitions, des fausses pistes. C'est là que j'ai apprécié ma lecture. Un bouquin plaisant donc.

  • La femme de papier (Françoise Rey)

    La femme de papier est un roman érotique/porno, il n'y a pas à en douter. L'intrigue commence par le constat fait par une femme sur son couple prêt à se dissoudre. Mais elle ne peut s'empêcher d'écrire une première lettre à son amant, une lettre où elle ose se livrer à des mots érotiques. L'amant intrigué entre dans le jeu. S'ensuit une série de scènes de cul des plus variées. On visite à peu près tout, sm, scatophilie, prostitution, zoophilie...

    Le livre est bien écrit et nombre de scènes sont excitantes. Je ne peux pas trop juger de l'originalité de l'ouvrage, n'ayant que peu de points de comparaison. D'un point de vue négatif, je n'ai plus trop su après les deux trois premières lettres si elle continuait à écrire à son amant, ou si elle racontait simplement leurs faits d'arme. J'ai aussi eu l'impression, assez souvent, d'histoires distinctes accolées l'une derrière l'autre. Je veux dire que les personnages ne se ressemblaient pas toujours par exemple, ou que certains détails clochaient dans la trame.

    Ai-je aimé ma lecture ? Question difficile. Par moment oui, pas de doute, l'écriture est entraînante. A d'autres non. J'ai très difficile avec les scènes de "violence". Oui, je sais, j'ai écrit Greta et des tas d'autres textes durs, sanglants et pornographiques, sûrement plus hard par certains côtés que La femme de papier, mais dans mes textes, il n'y a que la violence, il n'y a pas le plaisir, et les rares fois où il y a plaisir, il est mêlé de folie. Ici, la violence est acceptée par la femme comme une preuve d'amour, et ça, pour moi, ça reste très difficile à accepter. Il ya un aspect "vrai" qui passe mal chez moi. La violence faite à la femme me révulse tout simplement, même si celle-ci l'accepte.

  • Histoires de catastrophes (anthologie de la science-fiction)

    Dans l'ensemble, cette anthologie m'a moins séduite que "Histoires de fins du monde". Et au fond, les récits du présent recueil auraient très bien pu figurer dans le précédent lu. Car, au final, il ne s'agit que de fins du monde aussi. Je ne vais pas détailler toutes les nouvelles et me contenter pour une fois de parler de celles qui m'ont vraiment plu.

    - Les oiseaux (Daphné Du Maurier) : ce récit est à la base du célèbre film éponyme d'Alfred Hitchkock), un film que j'avais beaucoup apprécié, et que j'aime toujours regarder lorsque l'occasion se présente. Je m'attendais à une sensation de déjà-vu, mais la nouvelle, même si sur la même base que le film, en est très différente. Ici, on suit une famille, père, mère, et les deux enfants qui se rendent compte que les volatiles sont devenus "fous". Ensuite, viennent les préparatifs pour tenir face à la menace, les tentatives pour prévenir les voisins. L'histoire se termine sans se terminer, les oiseaux sont toujours là, et on ne sait ce qu'il adviendra des protagonistes. Je crois que j'apprécie autant le texte d'origine que le long-métrage.

    - Fragments de journal parmi les ruines de ma mémoire (Philip José Farmer) : un véritable coup de coeur, une pépite, une découverte, un texte que j'aurais aimé écrire. L'histoire est horrible, et pourtant, aucune scène sanglante, aucun effets spéciaux. Il y a des morts bien sûr, mais ils sont hors cadre. Ici, nous avons juste un concept déstabilisant : une boule d'origine inconnue vient de se mettre en orbite autour de la terre, et par quelques technologies inconnues, elle vole la mémoire des hommes, de tous les hommes de la terre. Chaque jour, au réveil (en fait durant la nuit), chacun recule de quatre jour dans sa mémoire. Vous vous levez un matin, vous vous croyez le mercredi 28 mai, mais en fait, vous êtes le premier juin. Et le lendemain, ça recommence, vous êtes au 2 juin, mais vous vous pensez le 25 mai. Ainsi, le héros de l'histoire va-t-il remonter le temps (uniquement dans sa mémoire car le temps s'écoule tout à fait normalement), revivant à l'envers tous les événements de sa vie passée et oubliant tous les récents petit à petit. Notre héros est marié, avec deux garçons de huit et dix ans. Sa famille aussi oublie. Elle oublie non seulement les faits qui se sont produits durant les jours "effacés", mais aussi les acquis de ces jours. Chacun se sent donc de plus en plus jeune dans sa pensée. Mark se retrouve bientôt avec des gamins au comportement de plus en plus infantile, et lui-même se retrouve amoureux d'une ancienne maîtresse comme au temps de leur liaison, avant de l'oublier elle aussi. Car la situation dure. Un programme scientifico-militaire a été mis en place pour se débarasser de la boule (qui n'est pas affectée par les tirs de missiles nucléaires), mais il prendra des années pour être au point. Et Mark, et les autres, pendant ce temps continuent à oublier. Pour les plus jeunes, le phénomène est catastrophique, ils se retrouvent avec un cerveau aussi vierge que celui d'un nourrisson. La fin voit la victoire contre la boule, mais le mal est profond dans les consciences, le présent et le futur ne seront plus jamais pareils à avant. C'est une nouvelle difficile à résumer tant son concept est complexe. Mais malgré la complexité, l'auteur maîtrise absolument son sujet, pas une faille n'apparaît dans le cheminement de l'intrigue, et suivre ainsi Mark dans sa perte de mémoire et d'identité est vraiment glaçant. Je lis souvent des récits qui me plaisent beaucoup, mais très rarement des qui me marquent ainsi. Je n'oublierai pas de sitôt cette nouvelle. A elle seule, elle vaut l'argent que vous dépenserez pour l'ouvrage.

    - Requiem (Edmond Hamilton) : ici, nous nous trouvons dans un futur lointain. L'homme a abandonné la terre quand le soleil s'est transformé en naine blanche attirant à lui, une à une les planètes de notre système solaire. C'est au tour de la terre de disparaître. Une expédition a été mise sur pied pour filmer et retransmettre à toute la galaxie la mort du berceau de l'humanité. Kellon commande le vaisseau et supporte mal les présentateurs et journalistes avides de sensationnalisme pour qui la terre ne représente que l'occasion de se mettre en avant. Alors que ceux-ci filment des ruines, lui se promène et découvre une maison presque intacte. Très jolie histoire, touchante, sur la fin de notre monde.

    - Quand nous sommes allés voir la fin du monde (Robert Silverberg) : caricature de notre société où les gens peuvent maintenant, grâce à une technologie complexe, aller dans le futur pour voir la destruction de la terre. Durant une réception, les convives discutent de leurs différentes expériences lors de ces voyages. Toutes les fins du monde s'évoquent, toujours apocalyptiques. Entre leurs descriptions de voyages, s'intercalent des informations sur l'état du monde. Et on a comme un miroir entre la superficialité de toutes ces personnes et tous les cataclysmes futurs. Et on se rend compte que la fin du monde, elle n'est pas à des millions d'années, mais qu'elle est là en train de se produire.

  • Les chasseurs de chimères (François Sarkel)

    Dans "Les chasseurs de chimères", nous retrouvons Arnaud Stolognan, découvert dans "La vallée truquée". S'ennuyant dans son monastère, sa routine va voler en éclat lorsque que le professeur Sarlon et sa nièce Miquette déboulent chez lui avec des tueurs à leurs trousses. Bien que perplexe face à l'histoire abracadabrante que lui racontent ses invités imprévus, il accepte néanmoins d'accompagner la jeune fille au Canada. Sa mission : trouver l'homme-oiseau, surnommé Horus par le vieux professeur, une créature hybride fabriquée par les savants de Teratos une société secrète spécialisée dans l'hybridation d'animaux et leur chasse ensuite.

    Un roman divertissant, avec des rebondissements, des écueils pour les héros, une petite touche, légère, de sentiments, des vilains et des gentils, du fantastique (ou plutôt une sorte de sf). Sympathique lecture qui fait bien le job : nous faire passer un bon moment.

  • Le Dieu sans nom (Serge Rollet)

    Recueil de nouvelles, « Le dieu sans nom » explore d'abord quatre histoires d'inspiration lovecraftienne.

    La première qui offre son titre générique au livre raconte les mésaventures de Yann Martens. Après avoir découvert un temple enfoui dans les profondeurs de la jungle, il est contacté par une mystérieuse organisation qui lui déclare qu'il a réveillé une puissance dont il n'a aucune idée. Voilà Martens entraîné dans une lutte dantesque conte le Dieu sans nom.

    Dans « L'ennemi ancien », on se retrouve au Vietnam. Un groupe de soldats américains est chargé de retrouver une patrouille disparue. Accompagné de Truong, un guide local, enrôlé contre son gré, ils pénètrent dans la jungle malgré les avertissements. Bientôt, une créature étrange se met à déchiqueter les militaires.

    « L'ombre des docks » nous narre comment Horace MacLane découvrit une île inconnue avec en son sein une grotte et un trésor, puis l'acheminement du coffre d'or vers Londres. Mais il est périlleux de violer certaines sépultures vouées à rester inconnues des hommes.

    « Baphomet » nous ramène dans des terres françaises. Le protagoniste est un pilleur de monuments abandonnés. Par hasard, il découvre un site archéologique qui renferme la tombe d'Enguerrand de Missac. Au-dessus de cette tombe, une statue, une sorte d'aigle hybride. Avec son complice antiquaire, il trouve un acquéreur, et dérobe l'objet. Ce n'est qu'une question de jour pour que le collectionneur vienne chercher son trésor. Oui, juste quelques jours.

    Ensuite viennent six récits totalement différents, six déclinaisons de la palette de Serge Rollet, mystérieuse, drôle, ou décalée.

    Le portrait : ici plus question de créatures lovecraftienne, nous découvrons un jeune homme dans son nouvel appartement. Et au mur de celui-ci, un portrait saccagé. Après avoir nettoyé la toile, Christian se trouve face à la reproduction d'une femme magnifique. Et quand cette beauté s'invite chez lui, comment résister au désir.

    L'étranger : l'homme est terré chez lui. Sans savoir comment, il se retrouve dans un monde inconnu et dangereux Pourquoi est-il arrivé là ? Quelles sont ces bêtes étranges dehors ?

    Conte de poivrot : un gars dans un bar qui écoute un vieux poivrot pour passer le temps. Et ce dernier lui raconte l'histoire abracadabrante d'un chat qui a sauvé le monde.

    Le grand tirage : quand Pluton disparaît, le monde ne s'inquiète pas. Quand Saturne disparaît, on commence à s'interroger, mais quand Mars se fait la malle également, on s'inquiète franchement. Et puis c'est quoi ce supposé message extraterrestre capté par les ondes ?

    Les successeurs : dans une pyramide antédiluvienne, le dormeur vient de s'éveiller après des millénaires de sommeil. A l'extérieur de la pyramide, ceux qui l'ont mise à jour s'efforce de la sortir complètement de terre. Et le dormeur espère que ceux qui ont pris la suite de son peuple viendront bientôt le délivrer.

    Les quatre saisons de l'apocalypse : le dernier survivant, celui qui a échappé au virus des étoiles, nous propose son journal dans lequel, il raconte sa nouvelle vie, comment il apprend à vivre seul, à se débrouiller, ses coups de cafards. Le tout au rythme des saisons.

     

    Dix nouvelles, toutes excellentes. Bien sûr, j'ai mes préférées. Dans les lovecraftiennes, c'est la première qui m'a emportée, peut-être parce qu'elle est plus longue et qu'on a donc plus de temps pour s'y plonger à la suite des personnages. Dans les six autres, je dois dire que j'ai vraiment beaucoup aimé la dernière. Voilà, je n'en cite que deux, mais toutes sont (très) agréables à lire.

  • Voyage au bout du jour (Béhémoth)

    Philippe craque à son boulot et est envoyé en vacances par son patron. Il part en Bretagne, puis décide de se rendre sur l'île d'Ouessant avec Liane, une jeune fille un peu paumée qu'il vient de rencontrer. Là-bas, il loue une maison isolée. S'il ne sait pas trop ce qu'il espère retirer de son séjour, il ne sait pas non plus qu'il va rencontrer l'horreur. Depuis son arrivée, une pieuvre géante s'en prend aux imprudents qui croisent sa route pour les déchiqueter. Mais l'horreur se tapit-elle uniquement sous l'eau ? Et que vient faire dans l'histoire ce navire peint en noir qui semble suivre Philippe ?

    Je connais plus fan que moi en ce qui concerne Kââ/Corsélien/Béhémoth, et qui vous en parlerait bien mieux que moi. Mais sans être une fan absolue, je prends toujours beaucoup de plaisir à le lire. Son style inhabituel, que je n'arrive jamais à vraiment qualifier, m'entraîne et je n'ai pas envie de lâcher mon livre. Pourtant, je sais que ça finira mal, car il y a dans l'écriture de l'auteur, une signature funeste pour ses personnages, que l'on retrouve à chaque fois (en tout cas, sur les quelques titres que j'ai lu). Une sorte de dépression, de désespérance, et d'inéluctabilité, parcourt ces lignes, nous donne l'impression que tout est vain, que tout est déjà fichu alors que le récit n'est même pas encore commencé. C'est peut-être ça qui me plaît surtout, ce côté sombre qui colle à ce que j'aime lire et écrire. Quand je fait défiler les pages, cette impression qu'il n'y a rien de bon nulle part m'inspire presque.

  • La dalle aux maudits (C. J. Arnaud)

    Elios vit avec son oncle Alezor dans un village de montagnes à l'abandon. Ils sont là pour veiller sur la dalle aux maudits, mission de leur famille depuis toujours, même si certains l'ont oublié. Depuis peu, la dalle bouge, des phénomènes étranges se produisent, puis un carnage chez les Moulliès dans un village voisin, retrouvés tous carbonisés sans que la moindre explication puisse être donnée. Alezor sait que le temps leur est maintenant compté, ils doivent se réunir avec ceux de la famille qui ont quitté l'endroit pour lutter contre le mal qui va bientôt s'extraire du sol maudit. Bientôt un petit groupe se forme et les préparatifs commencent. Mais peuvent-ils seulement gagner ? Et si Cabran, le chèvre-pied n'accepte pas de les aider, le sort du monde est-il scellé ?

    Un roman sur fond de mythologie païennes, petit peuple et leur pendant maléfique. Bien mené, l'histoire est entraînante et les personnages assez attachants, le vieil oncle mystérieux surtout. Le récit se déroule lentement sans pour autant lasser, et on a envie de savoir comment tout ça va se terminer.Très agréable lecture.

  • Livre de sang 6 : La mort, la vie, son oeuvre (Clive Barker)

    J'avais lu le premier opus des livres de sang, il y a très longtemps. J'avais bien aimé, même si je ne me rappelle plus des nouvelles. Je ne possède pas les autres tomes, mais qu'importe, ils peuvent se lire dans le désordre.

    Simon McNeal s'amusait à faire croire qu'il pouvait entrer en contact avec les morts pour ensuite raconter leurs histoires. Mais les morts n'ont pas apprécié et l'ont puni en faisant de son corps un livre de sang, gravé de nombreuses histoires venues de tous ces morts qui voulaient vraiment se faire entendre.

    Dans ce tome, nous découvrirons Elaine qui après avoir découvert une ancienne crypte se croit porteuse de la mort et se sent prête pour une liaison avec un homme récemment rencontré. Locke, lui, se rend compte que des indiens, qu'il tentait de virer de leurs terres pour se les approprier, lui ont lancé une malédiction ainsi qu'à ses partenaires, malédiction mortelle bien évidemment. Ballard, dans l'espionnage, semble lui aussi atteint par quelque mal étrange après sa rencontre avec un agent russe au bout du rouleau. Swann est illusionniste, mais après sa dernière représentation, il meurt d'une épée tombée du plafond. Sa femme, Dorothea engage Harry D'Amour pour veiller le corps, elle craint quelque chose, sans pouvoir expliquer quoi. Et si Swann était plus qu'un illusionniste. Quant à McNeal, il vit reclus et reçoit la visite d'un tueur qui en veut à sa peau, littéralement. Mais est-ce une bonne idée que de convoiter une telle peau ?

    Dans l'ensemble, j'ai bien aimé, sans pour autant être transcendée. Mes préférées, les deuxième et quatrième histoires du recueils. Une bonne lecture divertissante.

  • Histoires de fins du monde (la grande anthologie de la science-fiction)

    Paru au livre de poche en 1974, cette anthologie regroupe 18 nouvelles et est agrémentée d'une introduction, d'une préface et d'un dictionnaire des auteurs. Dix-huit nouvelles donc qui déclinent différentes visions de la fin du monde. Et j'ai été surprise. Les nouvelles sont originales, bien écrites et explorent des voies auxquelles je ne m'attendais pas. En fait, pour tout dire, je m'attendais à moins de variations. Comme quoi la fin du monde peut se voir de plein de façon. Bien sûr, vu l'époque de publications des différents textes (pour la majorité dans l'après-guerre), on n'a par contre qu'une vue limitée des causes de ces fins du monde. La grande peur de ces années-là se retrouve dans presque tous les textes (et même bizarrement dans celui qui date d'avant la guerre), apocalypse nucléaire et toutes ses conséquences. Petit bémol sur les causses, mais pas sur les effets.

    - Foster, vous êtes mort ! (Philip K. Dick) : le jeune Foster vit dans une société où l'apocalypse atomique n'a pas encore eu lieu, mais pourtant elle y est présente dans la peur ressentie par la population et alimentée par le pouvoir. Tous se doivent de prévoir, de se préparer pour quand elle arrivera. Et cela implique de posséder le meilleur abri anti-atomique, d'avoir son ticket pour les abris collectifs, de payer la dîme pour les Nats. Excellente nouvelle sur la manipulation par la peur. Un vrai bon début de bouquin.

    - Mémorial (Théodore Sturgeon) : Grenfell a un rêve : si les hommes ressentaient la peur d'une manière phénoménale, ils connaîtraient la paix. Il a donc conçu une bombe d'une puissance inimaginable et il envisage de la faire sauter dans le désert et de créer ainsi une sorte de mémorial effrayant pour les millénaires à venir. Mais c'est sans compter sur son ami Jack Roway. Où les meilleurs intentions n'amènent pas ce qui était prévu.

    - Le jour se lève (Robert Bloc) : le protagoniste a tout prévu. Il s'est aménagé un abri dans les montagnes, s'est équipé pour survivre à l'explosion et à ses suites. Et maintenant, l'horreur vient de se produire et il redescend en ville pour constater les dégâts. Une nouvelle qui se situe dans l'immédiat après cataclysme et offre les visions effrayantes de la mort partout, des rares survivants déjà condamnés, bâtiments détruits, feu, pillages. Intéressant.

    - Loth (Ward Moore) : M. Jimmon, lui aussi, a tout prévu. Et lorsque l'attaque survient, il embarque sa famille pour fuir. Il sait où il veut aller, il sait comment les choses vont se passer, il devine la régression de l'humanité. Oui, lui, il sait, mais pas sa femme Molly. Molly qui n'arrête pas de se plaindre et refuse la réalité. Pas ses garçons, Jir et Wendell, qui eux aussi chouinent et râlent. Il n'y a que sa fille Erika qui semble prête pour ce nouveau monde. Portrait de famille bien fait avec des personnages antipathiques, entre le père qui se pense omniscient, la mère qui ne comprend rien, les gamins turbulents ou rebelles. Et une fin cynique et glaçante.

    - La mort de chaque jour (Idris Seabright) : la guerre a été déclarée et si les bombes nucléaires sont utilisées, c'est à petites doses un peu craintives, il y a donc des combats humains. Denton est un soldat et fin de cette journée-là, il évite le centre de soins pour rendre visite à Miriam, la femme qu'il aime hospitalisée. Il pense qu'il ne l'a plus vue depuis quelques jours, mais celle-ci le détrompe, ça fait des années qu'il n'est plus passé la voir. Il a simplement oublié, aidé par une thérapeutique nouvelle qui fait de chaque jour de combat un premier jour. C'est une nouvelle assez désespérée, mais très bien faite, avec une légère touche d'espoir à la fin.

    - Seule une mère... (Judith Merril) : la guerre a laissé son lot de radiations et derrière elles, toutes les maladies et malformations qu'on peut imaginer. Maggie est enceinte, son mari Hank est au combat et la jeune femme le tient au courant par lettre de l'évolution de sa grossesse, puis de son accouchement, et de la merveilleuse petite fille qu'ils viennent d'avoir. Mais l'enfant présente rapidement  une particularité étonnante, une intelligence développée. Ainsi à dix mois, lorsque le père revient enfin à la maison, le bébé l'accueille en parlant sous le regard émerveillé et plein d'amour de sa maman. Une nouvelle émouvante sur l'aveuglement d'une mère vis à vis de son enfant.

    - Le prochain spectacle au programme (Fritz Leiber) : la guerre est plus larvée qu'autre chose dans cette histoire, les radiations sont minimes, et tout le monde n'y participe pas, mais comme dans toutes les guerres, ceux qui restent au pays souffrent d'une autre façon. Le protagoniste est anglais et est aux Etats-Unis pour affaire. Par hasard, il sauve la vie d'une jeune femme, qui comme la majorité de ses contemporaines porte un masque, selon la dernière mode. Sa nouvelle amie semble être très effrayée et lui déjà sous le charme. Mais peut-il seulement la sauver. Un autre récit assez sombre avec une vision assez sombre du genre humain.

    - Le vaisseau fantôme (Ward Moore) : excellente nouvelle qui pointe l'automatisation extrême de la guerre qui n'a plus besoin d'hommes pour se faire. Avec une chute parfaite.

    - Les gardiens de la maison (Lester Del Rey) : King est un chien qui a survécu à une apocalypse biologique et/ou chimique. Il survit depuis des années en ayant appris à attraper des poissons, seules espèces ayant survécu. En hiver, il descend vers le sud, en été, il monte vers le nord. Là, c'est l'hiver qui commence et il a entamé son périple. Mais sans savoir pourquoi, une sorte de pulsion irrésistible, il déroge de son chemin habituel et se dirige vers le laboratoire dont il s'est échappé il y a si longtemps. Doc doit y être, il doit le trouver. Très jolie histoire animalière, très touchante, en même temps que très bien faite dans la narration qui nous met dans la tête de ce chien.

    - Les filles et Nugent Miller (Robert Sheckley) : Nugent Miller est depuis longtemps seul, il a survécu au nucléaire par un coup de chance au fin fond d'une grotte. Il pense qu'il pourrait y avoir d'autres survivants, mais ne fonde pas d'espoir, pour tenir le coup. Jusqu'au jour où il rencontre quatre jeune filles et leur institutrice, une matrone pleine de haine pour les hommes. Amusante déclinaison de la solitude du survivant, mais aussi vision pessimiste de l'après.

    - La vie n'est plus ce qu'elle était (Alfred Bester) : Linda Nielsen survit toute seule dans New York, elle s'est construit un quotidien où elle décore son appartement de diverses choses de prix, en somme, elle passe son temps à faire les magasins. Jusqu'au jour où sa route croise celle de Jim Mayo qui descend vers le sud. Les deux rescapés vont faire connaissance en concluant un marché, elle lui apprendra à conduire, il l'aidera à amener un piano à queue chez elle. Assez déroutant ce récit où les protagonistes ont juste l'air de vivre comme avant, comme échappé de notre réalité. Mais amusant aussi.

    - Les carnivores (G. A. Morris) : une survivante est entourée d'extra-terrestre ressemblant à des herbivores ayant évolué. Elle voudrait comprendre pourquoi, ils ne sont pas intervenus pour empêcher la guerre. Ils avaient peur. Décalage entre l'apparence des extra-terrestre et le propos, surtout le propos final bien trouvé.

    - La lune était verte (Fritz Leiber) : Effie et son mari Hank ont eu la chance d'être dans un immense abri anti-atomique. Le cataclysme date déjà d'un moment, mais personne ne peut encore remonter à la surface. Effie n'en peut plus, elle rêve de l'extérieur, encore plus depuis qu'elle a aperçu, après avoir imprudemment ouvert les volets en plomb, un être qui lui a fait penser à un faune. Elle veut le revoir et pousse Hank à se rendre à une soirée. Mais Hank a des soupçons et l'être du dehors, ses intentions sont-elles vraiment aussi pures que l'imagine la jeune femme. Déclinaison sur l'ennui à vivre sous terre, avec la nostalgie de la surface. Beaucoup aimé la sorte de poésie qui s'en dégage.

    - Un système non-P (William Penn) : Georges Abnego est devenu président par hasard, juste parce qu'il correspond à tous les standards de normalité. C'est juste un homme moyen et il représente pour le peuple une sorte de garantie que l’holocauste ne se reproduira plus. Et effectivement sous l'impulsion d'Abnego, plus rien ne se passe, et petit à petit tous les pays suivent cet exemple. La paix est enfin là, mais dans ce système de non-valeur humaine, la régression aussi. Intéressante vision de la fin du monde, originale aussi.

    - Que la lumière soit (Horace B. Fyfe) : un groupe de trois hommes prépare un guêt-apens pour les robots réparateurs de route. Un arbre en travers de la voie et voici les machines au travail.C'est l'instant que choisissent les protagonistes pour s'emparer d'un de ces robots. Population ayant régressé et sans plus la compréhension de ce que fut le monde ou de l'utilité de certaines chose. Sympa, mais il me manque un petit truc.

    - Frère Francis (Walter M. Miller): la guerre est terminée depuis des siècles, de la précédente civilisation, il reste peu de traces et encore moins de traces écrites. Frère Francis est un novice dans l'ordre des frères de Leibowitz, du nom de leur fondateur. Il fait une retraite et un jeûne avant son ordination. Mais un pèlerin vagabond va lui faire découvrir sous une pierre, des vestiges, des reliques, dont des notes et un plan de la main même de Leibowitz. De retour à l'abbaye, frère Francis n'aura de cesse de clamer qu'il ne ment pas, quitte à voir se reporter son ordination de longues années, le temps que le nouveau Vatican statue sur l'authenticité des découvertes. Quand ça part dans le religieux, je n'aime pas, mais ici c'est le contraire, j'ai beaucoup apprécié cette histoire avec sa petite touche d'espoir à la fin.

    - La ruée vers l'est (William Tenn) : Jerry Franklin est chargé de mission par le président. Il doit porter un message important. En route, avec son compagnon Sam, il croise des Sioux et décide leur offrir les présents et le message, mais il apprend que les indiens ont décidé de prendre le territoire des blancs. Désespéré, il fuit avec son compagnon Sam et une jeune captive. Amusante inversion des rôles et de l'histoire. Beaucoup aimé.

    - Dans les eaux de Babylone (Stephen Vincent Benét) : dans la société qui s'est reconstruite, un fils de prêtre décide de rejoindre la cité des Dieux, malgré qu'elle soit un llieu interdit. Il est résolu quitté à ce que ce soit la mort qui l'attende. Arrivé sur place, il découvre les restes d'une grande ville éradiquée par une catastrophe. Pour terminer cette anthologie, une histoire avec un léger accent fantastique et une touche d'optimisme final, à moins que ce ne soit du pessimisme, à chacun le choix de l'interprêter.

  • La galerie des horreurs (Patrice Lamare)

    Henri Serdan, inspecteur de police, reçoit une vieille dame inquiète de la disparition de sa petite fille. On apprend vite que celle-ci a été attirée par un artiste du nom de Ugo Lugosi et son chauffeur Bella Batori pour terminer éparpillée dans une pièce en sous-sol. Pendant que Serdan mène l'enquête, les deux psychopathes continuent leurs oeuvres. Car pour Ugo, il s'agit bien d'art et il travaille d'une façon totale.

    Sympathique, peut-être un peu monotone. Je veux dire par là qu'il y a peu de rebondissements, l'enquête suit son cours, pas spécialement facile, mais tranquille plutôt, et les meurtres se succèdent sans que l'on ait autre chose à se mettre sous la dent. Mais un opus bien dans le concept de la collection, gore comme il faut, et puisque c'est ce qu'on cherche quand on ouvre ce genre de bouquins, on ne va pas bouder son plaisir.

  • Tales from the crypt

    Tales from the crypt, publiés aux Etats-Unis dans les 1950 à 1955. Dans ce volume 2, on retrouve des récits de 1951 à 1952. Vingt-quatre petites histoires d'horreur dans le plus pur style pulp américain de l'époque. Certaines sont amusantes, d'autres originales, aucune n'est vraiment effrayante, mais il en faut beaucoup pour me faire frémir, encore plus en bande dessinée. Mais ce n'est pas la peur que je cherche en lisant, c'est le plaisir procurés par des récits bien faits. Ici, je n'ai pas été déçue, le recueil est d'une qualité d'ensemble de bonne facture et je dois dire que je n'ai pas traîné pour lire les 167 pages. Le dessin, très américain lui aussi, est lisible sans trop d'effets ou de surcharge, agréable dirais-je.

    Au scénario des différents opus, on retrouve en majorité Bill Gaines et Al Feldstein, à l'exception de deux dûs à Johnny Craig, qui de plus assure lui même son dessin. Au dessin des autres historiettes, Al Feldstein, Graham Ingels, Jack Davis, Wally Wood, Jack Kamen, Howard Larsen, George Roussos, et Joe Orlando.

    Sympathique découverte qu'il me tardait de faire, mais que je ne trouvais qu'en anglais, ce qui m'empêchait de m'y mettre. Plus qu'à trouver les autres volumes (en quatre tomes).

  • Chroniques martiennes (Ray Bradbury)

    Les  premiers mots qui me sont venus à la lecture des premiers textes furent : "c'est beau". Et durant tout le recueil, ils sont restés à mon esprit. Et c'est la manière la plus juste de qualifier "Chronique martienne". Une suite de nouvelles démarrant leur chronologie littéraire en janvier 2030 pour aboutir en octobre 2057. S'il s'agit de nouvelles, un fil rouge se retrouve tout au long des pages et des récits, et nous suivons la découverte de Mars avec la rencontre du peuple l'habitant et leur vie quotidienne, puis viennent les premières expéditions terriennes, et les suivantes. De plus en plus, tandis que la civilisation première disparaît presque complètement, et que les terriens deviennent les nouveaux martiens. Jusqu'à ce que la Terre se détruise de son humanité pervertie, que les colons y retournent pour, peut-être, tenter de la sauver, pour y retrouver ceux laissés derrière au moment du voyage. Et Mars et la Terre se retrouvent finalement désertées, mortes toutes deux, habitées par de si rares survivants. Les derniers êtres humains emplis d'une foi dans un nouvel avenir, meilleur.

    De la science-fiction puisque cela parle d'autres planètes, d'autres créatures que terrestres, mais en même temps ça n'en est pas car s'il s'agit de Mars, il s'agit surtout d'une Mars fantasmée, une planète rêvée et impossible physiquement parlant, un monde poétique. Un mélange des genres magnifique pour une lecture qui fait du bien.

  • Loups-garous, vampires et autres monstres (Jean Goens)

    Une étude des monstres issus du folklore, de la littérature ou de la réalité par le biais d'une approche sociale et surtout médicale. Au fond, la question sous-jacente à chacune des parties est : "de quelle maladie peut bien souffrir tel monstre ?"

    Approche intéressante qui nous font voir les loups-garous ou les vampires, entre autres, différemment. L'auteur établit également des comparaisons et des points de ressemblance entre ces créatures issues des mythes et légendes d'un peu partout et des cas comme Elephant-man, Jack l'éventreur, ou Richard III. Il termine son ouvrage par le rôle des médecins détective culturel et des écrivains observateurs médicaux et leur apport dans l'avancée de la médecine.

    (Re)lecture intéressante de ces figures monstrueuses qui font partie de notre patrimoine.

  • La bombe et la sagaie (Emmanuel Errer)

    Le colonel Beauregard, ancien de l'armée, vaguement journaliste, plus sûrement mercenaire, est engagé pour enlever M'Dia, président du Bwasa, un état d'Afrique. La politique du chef de l'état ne plaît plus aux puissances occidentales, un coup d'état sans heurts et sans morts, voilà ce qu'on présente à Beauregard. Accompagné de Jaime, Paulo et Ray, il va tenter de mener à bien sa mission. Mais comme souvent dans ces histoires de gros sous et de pouvoirs, rien ne se passera comme prévu.

    Plutôt bien apprécié ce roman d'aventure sur fond de magouilles politiques et financières. Pourtant, ce n'est pas mon genre de lectures préférées. Mais force est de reconnaître que M. Errer mène bien sa barque, ses personnages sont sympathiques (presque trop parfois), l'histoire est bien rythmée et les retournements de situation bien amenés. Par exemple, je ne m'attendais pas à la fin, plus pessimiste que je ne l'avais imaginée, un bon point de plus donc. Je vais finir par penser que j'aime plus le genre que ce que je n'ai toujours cru.

  • Grouillements (G.-J. Arnaud)

    Lisa, jeune professeur, ne peut s'empêcher de craquer pour Loïc en qui elle retrouve le portrait craché d'un amour de jeunesse. Incapable de résister à l'atrait du jeune garçon, ils entament une liaison. Mais Loic n'est pas juste cet amant merveilleux, pas plus que sa famille n'est ce qu'elle prétend. Qui sont-ils ? Et pourquoi toutes ces larves apparaissent-elles sur leur passage ?

    Un roman plaisant malgré certains défauts. Lisa est par exemple bien trop rapide à comprendre ce qu'est Loïc, tout autant qu'elle est trop rapide à l'accepter. En fait, la crédibilité de l'histoire est limite, mais en dépit de ça, j'ai aimé ce récit. Les personnages sont plutôt attachants et l'idée de base - ces êtres millénaires bouffés par des vers perpétuellement - est assez originale. Pas hyper gore, et  même un peu fleur bleue par moment, le roman réussit pourtant à rester intéressant.

  • Les maisons suspectes et autres contes fantastiques (Thomas Owen)

    Court recueil de nouvelles, pas désagréable à lire. Suite de scénettes rapides naviguant entre fantastique léger et tranchettes de vie. Peu de choses à en dire au final, si ce n'est que ce fut plaisant à lire à petites doses. Un très court commentaire donc, mais parfois, faut s'en contenter.

  • Les maléfices du temps (Michel Rozenberg)

    Cinq nouvelles qui d'une certaine façon traitent du temps. Ainsi, dans le récit qui donne son titre au recueil, Dominique, pour avoir lu un livre interdit chez un étrange antiquaire, commence à vieillir de manière accélérée. Dans "Le temps d'aimer", Jeanne rejoint sa maison de vacances, pour la première fois depuis la mort de son époux, mais celui-ci n'a pas l'air de vouloir la laisser tranquille."A rebrousse-temps" nous propose un personnage en proie à d'étranges phénomènes où temps et espace se mélangent après la découverte du cadavre d'une petite fille accompagné d'une poupée abîmée. Dans "Les spectres du temps", le lieutenant Sanders enquête sur le décès de Marc Lefèvre, un vieillard solitaire et peu sociable. Grâce à des enregistrements et des lettres que le mort laisse derrière lui, petit à petit, le voile se lève sur une étrange histoire où passé et présent se mélangent. Dans "Le temps fissuré", Damien est obsédé par le récit qu'il est en train d'écrire et qui échappe à son contrôle pour se raconter à sa façon, tandis que des changements altèrent peu à peu l'environnement du jeune homme.

    Cinq nouvelles sympathiques autour d'un même thème. Une lecture vraiment plaisante, mais au final, elle ne me laissera pas grands souvenirs. Je pense avoir préféré, du même auteur, "Altérations".

  • Iceflyer (Christian Vilà)

    Un fleuve noir collection science-fiction métal. Autant le dire tout de suite, je ne suis pas une lectrice de sf, mais le récit est pourtant sympa et donne envie de connaître le résultat du jeu annoncé au départ : une course à l'héritage entre deux possibles bénéficiaires de la fortune et l'influence d'un ancien magna mafieux. Ce jeu qui sera retransmis sur la planète entière recèle un enjeu encore plus important. LaMotta, premier concurrent, frustre et vulgaire, compte bien mettre toutes les chances de son côté, même de vilaine manière. En face Llaouïa Meinhof, sculpturale bombasse remodelée de partout, n'a pas l'intention de se laisser faire. Au milieu de tout ça Mat Katkov, ancien iceflyer (sport du moment) a bien du mal à comprendre dans quoi il est tombé.

    Comme je le disais, c'est entraînant, avec  une foule de personnages colorés, le rythme est suffisamment soutenu pour nous garder dans les pages. Mais je dois bien avouer que j'ai souvent été larguée par rapport au monde décrit et ses technologies futuristes, peinant à me faire une vision de l'ensemble. Néanmoins, je pense que ce bémol vient de mon peu de culture du genre. Quant à la fin, peut-être un peu trop "gentille" pour moi, j'attendais quelque chose de plus noir, la faute à mes premières lectures de l'auteur dans un registre bien plus sombre.

    Un bon moment.

  • L'araignée de Yoshiwara (Félix Brenner)

    Ce Fleuve noir collection Frayeur porte le numéro six. Il nous transporte au Japon, où Adam Legrissard vient de débarquer à la demande de son ami Mirayama, un journaliste alléché par une étrange affaire de crimes sur de puissants ressortissants. Dans l'ombre, Kyuketsuki, personnage peu humain, lui, tue des petits criminels, pour son seul intérêt. Encore ailleurs, l'araignée attend.

    Une histoire plutôt sympa, sur fond de légendes, avec des personnages sympathiques aussi. On entre bien dans la trame avec l'envie de savoir ce qui se cache derrière les éléments que l'auteur nous livre petit à petit. La fin, même si finalement logique avec les dernières révélations, me laisse un petit goût de trop peu, un peu trop rapide à mon avis. Mais reste une intrigue plaisante et dépaysante.

    La collection Frayeur dont c'est le cinquième titre que je lis ressemble à une fusion entre les défuntes séries Angoisse et Gore. Si elle (en tout cas au vu des titres que j'ai lu) semble avoir moins d'atmosphère mystérieuse que la première et moins de sang que la seconde, elle propose par contre des écritures et des ambiances plus modernes. Trente-deux titres y sont parus, je n'en possède que sept, on ne les voit pas beaucoup sur les marchés de l'occasion, mais ça augmente le plaisir de la découverte.

  • Enfer privé (Jean Rollin)

    Lola est une prostituée de luxe qui, par l'intermédiaire de Madame Pierre, se vend à de riches pervers, soit pour son corps, soit pour ses talents de chasseuse. Mais il est difficile de résumer un tel récit sans entrer dans ce qu'il nous a fait ressentir. Un ami qualifie parfois ses lectures de coups de poing, et c'est la définition la plus exacte que je peux donner à ce bouquin : un coup de poing au ventre, un coup de poing au coeur. Dès le début, on assiste à une chasse malsaine, reproduction des chasses du comte Zaroff, où la victime après capture passe de sexe en sexe. Lola fait partie des poursuivants, chargée de ramener la proie. Dès ce premier chapitre, on est plongé dans l'ambiance glauque et pervertie. Mais ce n'est qu'une mise en bouche. Lola sur la route de son manoir fait une étrange rencontre en la personne d'une petite sauvageonne évoluant entre falaise, galets, et mer. La prostituée est subjuguée par la beauté sauvage de l'enfant qui aussitôt l'obsèďe. L'obsèďe au point de la capturer, pauvre enfant-loup sans existence officielle bientôt enfermée dans les caves de Lola qui, incapable de retrouver le miracle de leur première rencontre, développe une haine violente pour sa captive qu'elle se met en devoir de soumettre et dresser ainsi qu'on le ferait d'un animal de cirque. Avec un but encore plus noir : vendre sa virginité au plus offrant.

    Difficile de sortir indemne d'une telle plongée dans ce que l'humain a de plus vil. L'enfant est pour tous, au mieux un animal, au pire un objet, mais toujours quelque chose dont on peut se servir et qu'on peut rudoyer. On souffre pour cette gamine, on la voudrait à nouveau libre, et pourtant, on sent que dans ce monde cruel, il n'y a aucun espoir. Le calice devra être bu jusqu'à la lie. Même si Lola semble changer, se prendre d'affection pour son jouet, rien ne détournera les deux de leur destin,  de leur découverte du pire. Et ce revirement de Lola ne suffira pas pour la ramener à une vie autre, plus saine aurait-on envie de dire, car il lui manque la compréhension, elle croit aimer, elle n'a que l'affection possessive pour un jouet. Et elle ne découvrira le véritable amour qu'au moment de sa mort.

    Rien dans ce roman ne permet de se raccrocher à une bouée quelconque, il n'y en a pas, tout y est noir, glauque, malsain, dérangeant, et le lire fait mal. Oui c'est un roman coup de poing que je conseille à ceux qui chreche des lectures qui frappent.

  • Enfantasme (C. J. Arnaud)

    Charlotte vit seule à La Rousse tandis que son mari ne la rejoint que les week-ends. Elle tente d'oublier la mort de son fils, mais voilà qu'un enfant, secret et méfiant croise sa route : Pierre. Coïncidence peut-être, mais ce prénom devait être celui de son défunt fils avant qu'ils n'optent pour Antoine. L'étrange enfant apparaît et disparaît sans que personne d'autres qu'elle ne le voie jamais. On la pense en train de sombrer dans la folie, elle-même se pose la question. Et puis Truc, son chien, disparaît. 

    Un roman très entraînant, accrocheur. On a une véritable envie de savoir le fin mot de l'histoire. L'enfant est intrigant et la jeune femme émouvante. Un beau récit avec une fin que je n'ai pas devinée.

  • Le bal des iguanes (Brice Tarvel)

    Lise, nouvelle aide-soignante aux Myriadines a fort à faire pour supporter tous ces vieillards. Pourtant, elle n'a pas le choix, pour l'amour de Julien, elle doit mener à bien sa mission. Mais rien n'est facile dans cette maison de retraite pour rupins. Entre le Vauquelin pervers, le Nox son fidèle acolyte, la Dunoyer au rire crispant, le Dorson fâné, le Joussin ancien cannibale, la Bouchenel pathétique handicapée, la Pajon adorable vieille dame, la jeune femme ne sait plus où donner de la tête, surtout que bien des secrets et des saloperies semblent se cacher dans les murs de la respectable instituion. Et puis, il faut aussi compter sur la Ternot, infirmière chef sèche et méprisante. Lise a pourtant confiance, à près tout, ce ne sont que des vieillards bien diminués.

    Un roman qui démarre lentement, peut-être même un peu trop lentement, mais cette lenteur permet d'installer les nombreux personnages, d'apprendre à les connaître et de ne plus s'embrouiller entre eux au fil des pages. Le personnage de Lise est intéressant, pas forcément sympathique, et pourtant on arrive à s'y attacher. Les vieillards sont montrés sous leur plus vilain jour, certains arrivant même à être très antipathiques. Reste Malika, la jeune infirmière maghrébine, pour apporter un peu de douceur aux différents portraits. En avançant dans l'intrigue, on y accroche de plus en plus, on a vraiment envie de savoir le fin mot de tout ça entre les choses qu'on devine et celles qui doivent encore être cachées, comme cette mission dont on comprend vite en quoi elle consiste, mais dont on ne comprend pas forcément le but ultime. Et on arrive à la fin qui sans me surprendre ne me déplait pas.

    Un bouquin que j'ai pris plaisir à lire, un peu long au départ, mais qui accélère petit à petit pour finalement m'accrocher dans ses mots.

  • L'enfer, c'est à quel étage ? (Serge Brussolo)

    Julia, acculée par les déboires financiers, et le faim, accepte un boulot de modèle nu (ainsi que le gite et le couvert) pour un sculpteur, dans une étrange maison. Celle-ci renferme dans son hall d'entrée nombre de statues entreposées en foule et est entretenue par un vieux gardien qui a connu l'ancien propriétaire Gregory Van Karkersh, excentrique passionné par la communication avec l'au-delà, de préférence le mauvais côté. Petit à petit, la jeune femme ressent un climat étrange, ses rêves deviennent horribles revivant une scène de dépeçage, ses uniques voisins, l'artiste et une kinésithérapeuthe sont tout aussi bizarre que la maison. Sans parler du gardien à tendance alcoolique qui aime à raconter le passé du lieu avec moult détails terrifiants. Mais ne sont-ce que des élucubrations ?

    Un roman assez typique du thème de la maison hantée, mais avec des petits originalités qui le rendent prenant (les statues, le vieux zoo, les catacombes...). Les personnages sont accrocheurs (surtout Julia et le gardien) et le suspense monte lentement pour arriver au climax final. Quant à ce final, sans être vraiment inattendu, il clôt convenablement l'histoire.

    Une bonne lecture.

  • Diagnostic réservé (Emmanuel Errer)

    Au départ, ce genre de romans n'est pas ce qui m'intéresse. Ce genre de romans ? Les trucs plus policiers. Je n'ai jamais été attirée par ça. Mais je dois avouer que j'ai pris plaisir à ma lecture. Un meurtre, celui d'un politicien, puis un autre, également d'un politicien, mais de tendance totalement opposée, suivi d'un troisième, un syndicaliste cette fois. Trois personnalités que tout semble opposer, et pourtant les assassinats paraissent être liés. Antoine, commercial, apprend qu'il a un cancer, peut-être deux ans à vivre. Deux ans qui lui font peur, alors il décide de les vivre à sa façon. En tuant. Ainsi commence son parcours, tandis que Clarisse sa compagne s'inquiète de son silence, et que l'inspecteur Kergelen mène l'enquête, avec la pression des hautes sphères sur le dos.

    Comme je n'y connais rien, il m'est difficile de donner un avis très constructif. Je peux dire que j'ai bien aimé, mais ça rend un peu minable comme critique. Sauf que je ne sais pas dire pourquoi. Peut-être parce que j'ai trouvé le personnage intéressant. Un léger bémol sur la fin, genre d'épilogue que je n'apprécie pas, mais je n'en dirai pas plus pour éviter d'en révéler trop et gâcher la lecture.

  • Les chevaux de la nuit et autres récits cruels (Claude Seignolle)

    Treize récits teintés d'un fantastique au rendu suranné, rafraîchissants. J'ai vraiment apprécié cette plongée dans ces petites histoires se déroulant entre la fin du XIXème et la deuxième guerre mondiale. On s'y retrouve propulsé, dans ces époques qu'on n'a pas connues. Cela ressemble à des contes touchant au terroir mais aussi à la ville qui elle-même fait penser à la campagne.

    Bref, plaisante lecture que celle-ci, qui change du fantastique moderne.

  • Le prix du suicide (Kurt Steiner)

    Suite à une rupture, Catherine se suicide au penthotal, au moment même où. Où tout aurait pu changer. Joël, son compagnon qui venait de changer d'avis sur leur relation, ne peut que constater son décès. Accablé par le chagrin, il se jette bientôt dans la confection d'une toile représentant sa bien-aimée, mais le résultat est dérangeant, Catherine y ressemble à une morte plutôt qu'au joli souvenir prévu. Et bientôt, le tableau semble mû d'une vie propre, tournée vers une persécution du jeune peintre. Pour échapper au problème, Joël fuit vers la Bretagne, un endroit que ne connaissait pas Catherine Mais peut-il échapper à celle qui paraît le poursuivre au-delà de la mort ?

    Une lecture plaisante, bien que, peut-être, un peu longuette. Les tourments du personnage sont accrocheurs, et on se doute qu'il y a plus que de simples rêves macabres. Du coup, on a envie de savoir le fin mot de l'histoire, et on avance au fil des pages. L'explication de fin m'a paru trop floue pour me satisfaire pleinement. Bien sûr, elle donne des clés de compréhension, mais je l'aurais aimée un peu plus précise. En l'état, il manque quelque chose, même si en réfléchissant, tout y est.

    Un bon roman, sans être le meilleur de Steiner.

  • Le clown de minuit (Alain Venisse)

    Clara vit seule avec sa fille depuis la mort de son mari. Cathy, elle, est paralysée depuis ce même évènement. Une première mort dans l'entourage, la prof de piano de l'enfant, puis une deuxième, le dentiste qui devait la recevoir. Quel est le lien entre ces drames et la petite fille qui semble y jouer un role important ? Et pourquoi l'assassin se déguise-t-il en clown ? Qui pourra réchapper à ces terrifiantes visites ?

    Un roman sympathique, assez rouge. Qui se lit vite, sans être inoubliable. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, pas assez fouillés peut-être, pas assez touchants. Une lecture d'instant pas désagréable.

  • L'écho des suppliciés (Joël Houssin)

    Une station de ski, des conditions météorologiques peu propices au sport, une initiative absurde autant qu'imprudente du promoteur chez une supposée sorcière. Et soudain, la neige tombe, une véritable tempête, bientôt suivie d'un brouillard plus épais que le pire fog londonien. Et dans ce brouillard se cachent des êtres qu'il aurait mieux valu laisser en sommeil. L'apocalypse est maintenant prête à tomber sur tous les résidents de la Pierre-Saint-Luc.

    Un très bon roman. La première partie nous conte avec réalisme les effets d'une tempête dans les montagnes, les routes bloquées, les chasse-neige impuissants, les voitures prises au piège, les vacanciers excédés. Tout du moins comme je l'imagine. Un petit bémol peut-être, l'accumulation de personnages parmi lesquels on s'embrouille souvent. Mais ça ne dure pas, au fur et à mesure qu'ils s'en vont rejoindre l'autre monde, torturés de moultes manières toutes plus horribles les unes que les autres. Personne n'est épargnés, ni les bons, ni les mauvais, ni les femmes, ni les enfants, pas même les animaux. C'est grandiose d'imagination gore.

    Un superbe opus de cette collection gore du fleuve noir.

  • Camping sauvage (Gilles Bergal)

    Dans un petit village bordé de forêts, plusieurs habitants mène une expédition punitive sur un groupe de Hell's Angel. Armés de fusils, ils exterminent la quinzaine de motards sans aucune pitié. Quinze ans plus tard, Samuel, sa copine Maureen, Pete et Elisabeth débarquent dans le coin pour un séjour camping, sous l'oeil désaprobateur des villageois. Et Samuel est le petit frère de Frank le chef de la bande décimée, et dans deux jours, ce sera l'anniversaire de ce carnage. Trop de coïncidences pour que ça en reste là. L'horreur va pouvoir se déchaîner.

    Très agréable histoire de vengeance post-mortem. Ce que j'ai apprécié, c'est qu'on ne peut avoir de sympathie ni pour les péquenauds du coin, ni pour les motards, les uns ou les autres, c'est du pareil au même. Et à l'opposé, il y a ces deux jeunes couples qui n'avaient rien demandé et se trouvent pris dans une tourmente qui les dépasse. Pour eux, on s'inquiète, on voudrait les voir s'en sortir. Un roman vraiment accrocheur où l'auteur s'est amusé à jouer avec ses motards dans des scènes pleine du bruit des moteurs et supporté par la chanson "Born to be wild".

    Je recommande.

  • Le crâne infernal (Shaun Hutson)

    Nick et Chrissie Regan vivent à Lockston, petite bourgade tranquille. Lui travaille sur un chantier, elle dans un musée. La découverte d'une petite fiole du 17ème remplie de sang par Chrissie lors de fouilles, puis d'un crâne étrange sur le chantier par Nick, va déclencher de terribles événements. L'osement semble se régénérer, et à grand vitesse. Malgré l'intérêt scientifique, Chrissie est inquiète. N'est-ce pas un trop grand risque de laisser aller la régénération de cet être inconnu jusqu'au bout ? Mais Peterson, son patron, n'est pas de son avis, la science avant tout.

    Roman sympathique et entraînant, une écriture vive et des personnages intéressants. On a envie de savoir ce qui va se passer et les pages défilent. Un opus, donc, très agréable à lire.

  • La marée purulente (Daniel Walther)

    Warren Paulson, médecin sur l'île de Waloo-Waloo, soigne des lépreux. Lassé par son travail, il a sombré dans l'alcoolisme et entretient une relation ambiguë avec Marietta, l'infirmière, seule "blanche" avec lui dans cet endroit perdu. Bientôt des phénomènes étranges s'amorcent. On lui parle de religions anciennes, de démon de la mer, on lui propose d'être éloigné de l'île avec Marietta, il refuse. Il ne croit pas à tout ça. Mais, il est des choses qui existent, et le docteur va s'en rendre compte.

    Le roman commence dans une ambiance de croyances archaïques, bien loin de notre civilisation moderne pour plonger ensuite dans une histoire de zombies. Si les zombies sont en général peu originaux, l'angle d'attaque proposé par Daniel Walther arrive à ne pas paraître éculé. Déjà, rien que pour ça, ça en vaut la peine. Le récit est plutôt sympa à suivre par son découpage proposant presque des histoires différentes. Le personnage du médecin est peut-être bien un peu trop perdu face à tout ce qui se passe, mais au fond, ça change des protagonistes qui arrivent toujours à trouver un truc à faire, à opposer.

    Une lecture bien sympa.

  • La massacreuse (Axelman)

    Pas vraiment apprécié. En fait, le style m'a crispée. Un style argotique, même si je me rends compte que n'ayant aucune connaissance de la littérature jouant sur l'argot, je qualifie peut-être mal. Toujours est-il que l'écriture ne m'a pas plue. Peut-être, n'est-ce que moi qui n'adhère pas à cette forme, je n'en sais rien.

    Au niveau de l'histoire, rien de transcendant, une drogue et des expériences qui exacerbent la violence, les personnages ne m'ont pas intéressée, ni l'adolescente complètement shootée, mais sans âme, sans relief, ni ses complices dont on n'a aucun détails sur la psychologie, ni même le détective, un poil plus fouillé, mais qui m'a paru néanmoins superficiel.

    Seuls les passages gore, pour moi, sauvent l'histoire, pas mal fait (si l'on excepte les appartés permanent genre "les kids", ou autres réflexions du même goût, qui me gonflaient), bien rouge et déguelasses.

  • Cauchemars de sang (Jean-Pierre Andrevon)

    Gino fait des cauchemars, des sanglants. La première fois, il se voit tuer sa mère, la deuxième son patron. Bientôt, les songes semblent se lier à la réalité, les morts s'accumulent dans l'entourage du jeune homme. Quel est le lien entre les rêves de Gino et les décès ? Qui est cet étrange vieillard en noir qui apparaît ? Et ces foutues migraines qui l'étreignent, d'où viennent-elles ?

    J'ai plutôt apprécié. Le concept des rêves prémonitoires ou provocateurs est bien traité. Au final, on ne sait pas trop où se situe la réalité dans l'histoire, ce qui pour moi est souvent un bon point. J'aime quand on me laisse une part de flou maîtrisé. Par contre, au niveau des personnages, je les ai trouvé pâles, même le protagoniste principal, juste un objet qui ne réagit quasiment pas à la situation.

    Bref, j'ai pas grand chose à dire, un opus sympa sans être inoubliable.

  • Altérations (Michel Rozenberg)

    Recueil de dix nouvelles se réclamant du courant fantastique belge, on se trouve plongé dans diverses situations où la réalité se trouve brusquement et sans signes avant-coureurs altérée. On y suit un dessinateur pris au piège d'une étrange maison où il doit produire des dessins sur commande. Puis on fera connaissance d'une aimable assemblée au cours d'un dîner perturbé par une étrange visite. Et que dire de cette usine où il est interdit d'ouvrir les paquets qu'on manutentionne. Il y a aussi cet homme qui fera l'erreur de poursuivre un conducteur indélicat. N'oublions pas cette histoire de portrait qui touchera trois personnes. Ensuite ? Une histoire de rencontre inhabituelle sur une plage, ou encore ce journaliste qui reçoit des mails l'appelant à l'aide. Et le philosophe qui prétend détenir le livre du destin d'un  jeune homme. Sans oublier la chambre d'hôtel, très particulière. On terminera par le défi lancé par un vieil écrivain aigri à un jeune collègue en pleine ascencion. Dix récits agréables à lire, originaux et bien écrits. Ils m'ont fait penser à Thomas Owen, dont j'avais lu le recueil "la truie", le même genre d'univers où tout est normal, jusqu'au moment où. Rien de spectaculaire, juste des petites distorsions qui laissent une impression d'étrangeté à chaque fois.

    Beaucoup apprécié ma lecture.

  • Lyrica (Thomas F. Monteleone)

    Lyrica est une créature chimérique à l'apparence de femme, peut-être la dernière de son espèce. Une espèce de succube qui vide les hommes, surtout des artistes de talent, de leur essence vitale au cours d'étreintes sexuelles. Revenue à la vie à la faveur de la destruction d'une église, elle se met en quête de nouvelle proies à New York où elle entame une carrière d'actrice. Mathieu Cavendish, écrivain du paranormal, par certaines coupures de presse, flaire la bonne affaire et se lance sur sa piste.

    Avis mitigé. J'ai trouvé le bouquin long, un peu ennuyeux. L'histoire s'étale sur 350 pages là où la moitié aurait été suffisante. On suit Lyrica dans ses recherches de partenaires, ça a un côté répétitif. Le récit est émaillé de flash-back qui n'ont que peu d'utilité pour l'intrigue. Les personnages ne m'ont pas touchée, je les ai trouvés vides entre l'agent artistique superficiel et sans profondeur, l'écrivain plutôt antipathique, et la créature pas assez poussée, aucun ne m'a intéressée, sauf peut-être Hammaker, au fond le moins sympathique, mais un peu touchant.
    En fait, on suit l'histoire en attendant le final : la confrontation. Et comme cette confrontation inévitable ne peut déboucher que sur deux issues, on n'est même pas surpris.
    En résumé, un bouquin que j'oublierai assez vite.

  • L'objet maléfique (B. R. Bruss)

    Jacques Hurtin, jeune ethnologue, est invité par un ami inspecteur de police à l'accompagner à Lurnoux, petit village perdu pour une enquête sur des morts suspectes et semblant pourtant naturelles. Petit à petit, le jeune homme va découvrir la vérité cachée par les habitants, l'existence du piroulet, objet maléfique et hypnotique, son pouvoir immense et fatal.

    Tout au long de ma lecture, un sentiment étrange de déjà-vu ou de déjà-lu ne m'a pas quitté. Comme si je devais connaître l'histoire. Impression bizarre et difficilement explicable, car j'ai beau faire, je ne me rappelle pas l'avoir lu. Et pourtant, le piroulet, cet objet qui passe de main en main, m'a semblé si familier, le personnage de la Manchèze aussi, tout autant que l'écoulement de l'intrigue. Sans néanmoins réussir à m'en souvenir, juste une familiarité diffuse qui titille sans arriver à se fixer.

    J'ai beaucoup apprécié ce roman, les personnages sont attachants, les évènements sont cruels, bien qu'il n'y ait pas de scènes sanglantes, les ressentis des différents protagonistes sont bien exploités. On a vraiment envie d'avancer dans le récit, voir où va nous mener ce piroulet. Et c'est dans le final que se trouve mon léger bémol. Il ne termine pas bien l'histoire, juste un avis personnel et sans que je puisse donner de raisons précises.

    Mais un bon bouquin qui a vraiment sa place dans la collection "angoisse" par son ambiance d'inexorabilité.

  • Les parasites de la haine (Childer)

    Ed Causey, détective privé alcoolique, est embauché par Olivia Linch pour découvrir les causes réelles de la mort de sa soeur, décédée sur la table d'opération après que l'on ait extirpé de son abdomen un vers particulièrement agressif. Petit à petit, Ed va découvrir une histoire encore plus étrange qu'il ne le pensait, plus étrange, mais aussi très dangereuse. Quel est le lien entre Shayaz, médecin réputé pour richards, et Rashad, figure du milieu ? Et pourquoi ces expériences avec des vers ?

    Ce n° 5 de la collection Maniac aux éditions Patrick Siry est agréable à lire, assez entraînant, avec un suspense sympa même si pas difficile à deviner. Les personnages sont intéressants bien que caricaturaux, entre la soeur obnubilée par la vengeance, le privé poivrot cliché, le truand psychopate... Malgré tout, la lecture est fluide et sans accroc. Un bon opus sans grande prétention, mais sans défauts vraiment rédhibitoires.

  • Simetierre (Stephen King)

    J'ai découvert Stephen King à l'adolescence, dans une grande surface où je traînais mes guêtres quasi tous les jours, toujours dans le rayon bouquins. Simetierre se trouvait là, exposé en évidence. Je me suis mise à le lire, assise au sol. Pendant plusieurs jours, j'ai ainsi dévoré quelques pages avant de filer attraper mon bus. Je n'ai pas eu le temps de le terminer, un après-midi, il n'y en avait plus. Grande frustration, je l'avoue. J'ai dû attendre d'être mariée pour enfin pouvoir me replonger dedans et j'ai lu le restant d'une traite. A l'époque, j'ai adoré le bouquin, au point qu'il a déclenché un vif intérêt pour l'auteur, suivi d'une "collectionite" aiguë qui a duré des années et n'est pas vraiment terminée d'ailleurs.

    Louis Creed, jeune médecin, sa femme, et ses deux enfants emménagent à Ludlow où Louis va exercer. Ils font la connaissance de Jud Crandall, leur voisin,, charmant vieillard qui leur dévoilera la présence d'un "simetierre" pour animaux non loin. C'est là que les bambins du coin enterrent leur bestiole depuis des années. Lorsque le chat de la famille se fait écraser, le viel homme propose à Louis de l'inhumer, non pas dans le "simetierre", mais plus loin, dans un ancien cimetierre indien, un endroit oublié et sacré. Le lendemain, le chat revient. Son comportement a changé, plus agressif, plus méchant. Jud met en garde le jeune médecin sur l'attrait de l'ancien cimetierre. Mais que valent les mises en garde quand on perd son petit garçon fauché par un camion sur la nationale ? Louis va perdre pied et entraîner tout son monde dans une spirale infernale.

    Le roman qui date de la meilleure période de l'auteur est prenant, les personnages sont attachants, brossés avec soin, l'intrigue évolue à son rythme, et son suspense croît au fil des chapitres. On est pris dans la trame, et il est difficile de lâcher le livre avant la fin. Stephen King nous fait le portrait d'une famille moyenne de l'Amérique profonde, une famille sans réel problème, heureuse, jusqu'à ce que le drame frappe, et que le surnaturel fasse irruption. Le rythme est progressif et ne redescend jamais, tout s'enchaîne et rien n'est inutile dans les détails. Avec ce récit, le romancier a probablement écrit une de ses meilleures oeuvres.

  • Petit renard (Kââ)

    Petit Renard est shoshone, possède un ranch, et est tueur à gage. Il est chargé d'un nouveau contrat, liquider les Faltrinelli. S'il sent qu'il y a quelque chose qui cloche, il accepte pourtant la mission. Mais rien ne se passe comme prévu, ce n'est pas lui qui liquide la famille, et il se retrouve avec leur gamin sur les bras et l'envie subite de le sauver du désastre. Il n'est qu'un pion, un pion qui n'arrive pas à déméler le noeud de l'affaire.

    Dans ce roman, j'ai retrouvé la même trâme que dans 24 000 années, et même si on n'est plus dans le milieu de l'espionnage, au fond, ça y ressemble fort, avec toutes les magouilles possibles, ainsi que tous les cadavres. Petit Renard ressemble au protagoniste principal de 24 000 années, le ton, l'ambiance, les péripéties se ressemblent. Tout est baigné d'un pessimisme noir qui court tout le long de l'histoire. On sent, tout comme le héros, qu'il n'y a pas d'issue, que quelque soit le mouvement tenté, on ne peut pas gagner. Oui, Petit Renard me fait penser à un nageur tentant de remonter la rivière à contre-courant, sans vraiment espérer pouvoir y arriver.

    J'ai apprécié ma lecture, plus que celle de 24 000 années (sortie de l'espionnage, je rentre déjà plus dans les histoires), on y retrouve les obsessions de l'auteur (sur les quelques bouquins que j'ai déjà lu bien sûr), on y retrouve aussi son style, cette façon d'être dans les pensées de son personnage, cette écriture particulière. Un roman noir à lire.

  • Je suis la brume (Pierre Suragne)

    Où l'on suit les périgrinations de Rachel, tombée en panne ou victime d'un accident; amnésique qui veut comprendre. En parallèle, le périple de Gen, son fiancé parti à sa recherche.

    On comprend dès le début l'état de Rachel et comme on comprend aussi tôt, on se dit qu'il doit y avoir anguille sous roche, alors on avance dans le livre pour que le mystère se dévoile. Si un bon trois quarts du bouquin se lit sans déplaisir, la fin m'a laissée de glace. Lorsque l'on aborde un côté mystique trop prononcé, on me perd, c'est ainsi, je décroche, et on ne me rattrape pas. Alors, peut-être que le récit est bien - même s'il ne me semble pas d'une folle originalité, il est bien écrit - mais au bout, il ne me laissera que peu de traces.

  • L'herbe aux pendus (Kurt Steiner)

    Carmeaux est instituteur, il mène une vie chiche et l'avenir lui apparaît, plutôt morne, sans changement. Jusqu'au jour où un étrange homme habillé en noir lui apparaît et lui vend une mystérieuse boîte contenant une mandragore, ceci pour la somme ridicule de cinq francs. Alléché par les prétendus pouvoir de la plante, Carmeaux s'est laissé tenter. Pourtant, il n'arrive pas vraiment à y croire, même lorsque Gorp, créature naine et effrayante, se matérialise dans son appartement. Pourtant, Gorp lui apporte la richesse, comme promis. Mais que devra-t-il payer au bout ? Où se situe le piège.
    On suit avec intérêt le périple du protagoniste qui de bout en bout de l'histoire est entraîné sans réussir à prendre les rênes du jeu. On sent bien qu'il est manipulé, mais on se demande où se trouve la finalité. L'histoire est intéressante et l'auteur parvient bien à retranscrire les différentes étapes du personnage.
    Petit bémol, je n'arrive pas vraiment à comprendre la toute fin qu'on ne relie pas facilement au début, alors que selon toutes vraisemblances, elle s'y relie.

  • La chambre de Naomi (Jonathan Aycliffe)

    Naomi a cinq ans, c'est le jour du réveillon de Noël. Avec son père, elle arpente les rues de Londres, fait les vitrines, visite un magasin de jouets. C'est le bonheur. Et puis, c'est le drame, l'enfant disparaît On ne la retrouve que le lendemain, morte et mutilée. Pour Charles et sa femme Laura, la vie ne sera plus jamais pareille. Encore moins que ce qu'ils auraient pu penser. Car Naomi, est-elle vraiment partie ? Lewis, un photographe de presse, pense le contraire. Ses clichés montrent des personnages qui ne devraient pas y être, Naomi, mais aussi deux petites filles pâles, une femme et un homme en noir. La maison est hantée et la menace se précise au fil des jours. Tandis que Charles cherche à comprendre, Laura plonge dans la dépression.

    L'auteur nous entraîne à la suite de parents confrontés au coup du sort ultime, la perte d'un enfant. Le livre en est poignant par moment. Mais il ne se limite pas à ça, il tisse une atmosphère d'angoisse qui s'étale petit à petit, un suspense qui prend son temps pour se résoudre, jusqu'au point culminant, le moment où il est trop tard. Petit bémol, la toute fin que j'ai jugée inutile, le retournement de trop qui n'était pas nécessaire et semble même être là presque pour un peu dédouaner le personnage. L'intrigue bien que classique, histoire de fantômes, est agréable a suivre et bien écrite.

    Un bon livre, sans être inoubliable.

  • Le chien des ténèbres (Benoît Becker)

    Une aventure typique de la collection angoisse (quoique je parle bien vite, j'en ai lu très peu). Une lecture un peu mitigée. C'est sympa, ça se lit facilement, mais ça manque un peu d'originalité, et je n'ai jamais vraiment réussi à rentrer totalement dans le texte. Peut-être est-ce le choix de l'utilisation du présent de l'indicatif. Ce temps m'a un peu rebutée jusqu'au bout de ma lecture, avec cette impression qu'il ne convenait pas à l'histoire. Le personnage principal, Béatrice, m'a du coup peu touchée, et je n'ai pas ressenti d'émotion ou d'empathhie pour ce qu'elle vivait au fur et à mesure des pages.

    Il n'en reste pas moins un récit qui se lit plutôt agréablement.

  • Chien du heaume (Justine Niogret)

    Lorsque j'ai entamé ma lecture, je m'attendais à plus "violent", peut-être à cause de la réputation de la dame. Au final, je n'ai pas trouvé ce roman extrêmement dur. Rude, oui, mais pas dur. Une rudesse qui sied au contexte, à l'époque médiévale. Mais il s'agit d'une rudesse qui fait authentique, la rudesse des gens de guerre, la rudesse de la vie face à la nature et aux dangers. Une rudesse de camaraderie bourrue aussi. Les personnages sont attachants, si l'on excepte Noalle, des gens plutôt simples avec une certaine philosophie de vie, des principes. Si l'on a affaire à un roman rude, on a aussi affaire à une belle histoire sur les relations entre toutes ces personnes.

    Chien du Heaume est une mercenaire en quête de son nom qu'elle a oublié depuis longtemps, peut-être depuis qu'elle a tué son père, peut-être déjà avant. Son seul indice : sa hache d'un modèle unique. Mais la quête est longue et les avancées si ténues qu'elle semble faire du sur-place. Jusqu'au jour où elle rencontre le chevalier Sanglier, maître d'un castel battu par les vents et le froid de l'hiver. Là, elle se sent bien, elle s'y fait des amis, sans savoir vraiment nommer ce sentiment. La quête devient moins importante, sans pourtant s'oublier.

    A cheval entre deux époques, celle des anciennes religions qui s'éteignent doucement face à celle de l'église qui prend de plus en plus de place, on ressent, dans ce roman, toute la nostalgie de ceux qui sont nés trop tard, qui voient leurs valeurs mourir inexorablement. On peut y voir un joli plaidoyer pour la tolérance.

    On lit cette histoire avec beaucoup de plaisir et on referme le livre avec une touche de regret, ne pas connaître la suite. Et pourtant, tout se termine pile poil au moment où ça doit se terminer.

  • Les contes rouges (Artistes fous)

    Une lecture vraiment plaisante et prenante. Des nouvelles de qualité pour un petit bouquin à un prix avantageux. Une belle découverte pour résumer.

    1- Les Damnés de la puer [Julien Heylbroeck] : sympathique et humoristique histoire, avec un style totalement adapté. Joli boulot Juju.
    2- Murabito [Gallinacé Ardent] : le sort de ces animaux d'élevage, mais vu d'un autre œil. Récit qui fait frémir.
    3- Le Goût du sang [Lila Vampire] : une petite gourmandise entre des textes plus longs.
    4- Au nom de la mère [Marie Latour] : celle-ci, je la connaissais déjà et je l'ai malgré tout relue parce qu'elle est excellente, hallucinée, horrible, et étouffante.
    5- Crise de foi [Corvis] : jolis poèmes, bien composé (sonnets en alexandrins, pas le plus facile), avec une touche d'humour divertissante.
    6- Contre nature [Schweinhund] : du pur Schweinhund (la première lue de l'anthologie, parce que ça me manquait du Schweinhund), l'élégance et le travail des mots pour dépeindre les tourments intérieurs. Ravie de te relire, toujours un immense plaisir.
    7- Wolf Rock [Diane] : le parcours d'un sérial killer, plutôt dérangeant.

    Sept auteurs, sept textes, sept petites pépites à recommander.

  • Dépression (Brice Tarvel)

    Ce n'est pas le premier roman que je lis de Brice Tarvel. Pour tout dire, c'est mon quatrième opus de l'auteur après ses deux TRASH et "la vallée truquée". J'avais déjà apprécié ces premières lectures, leur côté divertissant, même pour les romans les plus sombres.

    Mais "Dépression" que je viens de terminer m'a encore plus plu. De la dépression, on peut dire qu'elle est partout, dans les êtres, mais surtout dans leur environnement sordide, ce monde de pluie et de boue où flotte telle une gangrène la rouille, cette maladie mortelle qui dévore doucement la petite Vavette. Vavette que Jarine voudrait bien sauver. Jarine qui a un secret, un espoir, malgré sa condition de pute, et même si elle doit sacrifier sa relation avec Sarg, le pêcheur de rats. Mais l'espoir est-il permis dans un tel monde ?

    Tout au long du roman, je me suis surprise à imaginer comment ça se terminerait et je n'ai pas trouvé. Un beau final comme je les aime. Cette société décrite par Brice est fouillée, on entre totalement dans cette ambiance glauque et oppressante parcourue par divers personnages attachants, et toujours et partout, la pluie, sans répit, qui ne nettoie rien, au contraire. Personnage à part entière, elle semble noyer les êtres et les choses, vouloir les dissoudre dans son horreur.

    Le titre m'avait attiré, le roman m'a emballée.

  • 1984 - Georges Orwell

    1984, paru en 1950 nous brosse le portrait d'un monde futuriste, véritable dystopie aux relents de notre époque moderne. Le récit en devient effrayant car trop proche de nos vies. Trois super puissances, toujours en guerre, se partagent la terre. L'histoire nous fait suivre le quotidien de l'une d'entre elle, plus particulièrement le destin de Winston, citoyen affecté à la réécriture du passé. Mais Winston a du mal à totalement s'intégrer au "bien-pensant" imposé. Dans cette société où il n'y a plus de lois, mais où, pourtant, tout est interdit, le héros commence à se poser de plus en plus de question. Sa rencontre avec Julia, jeune femme rebelle, va précipiter les choses et l'homme va s'enfoncer dans l'activisme révolutionnaire pour découvrir au bout que tout est vain.

    Si le quotidien brimé du peuple est déjà effrayant, la troisième partie qui propose un panorama long de tortures diverses l'est encore plus. On ne torture pas pour avoir des informations, mais juste pour briser. Pour une idéologie qui n'est qu'une fumisterie et à laquelle ne croient même pas ceux qui détiennent le pouvoir. On se rend compte, en même temps que le protagoniste principal que la manipulation va au-dela de ce qu'on pensait.

    Quand on referme le livre, on éprouve un frisson. On songe aux parallèles et on ne peut éviter de comparer. Et on se pose des questions. Est-on vraiment aussi loin d'un tel système ? Les dérives poussées à leur paroxysme dans le roman, ne sont-elles pas déjà en germe dans notre société ? En germe ou même installées. On ne les remarque pas trop, mais quand soudain on y pense, on peut avoir peur.