Moisson d'épouvante 3 (Dreampress)

Troisième opus de cette anthologie paraissant aux Editions Dreampress. Je me suis laissée tenter par celui-ci lors de mon déplacement fin novembre à Sèvres. A la base, j'étais dubitative, faute à l'énoncé de l'appel à textes qui parle d'humour. Et moi l'humour, c'est bof, j'accroche pas, je ne me marre pas (je parle niveau littérature). Mais ayant été rassurée sur la dose d'humour pas si conséquente que ça dans l'anthologie, pourquoi pas. Je jugerais sur lecture. Et je ne le regrette pas, j'ai passé un très bon moment. Avec même un coup de coeur (et mes véritables coups de coeur sont rares).

- Nidouyé (Eric Vial-Bonacci) : Paul et Mizuko sont jumeaux, ils ont onze ans, ils sont élevés par leur père veuf. Mais leur père, traumatisé par la mort de sa femme, ne peut supporter l'idée d'être une nouvelle fois abandonné, alors il a aménagé la maison en Nidouyé (et je viens seulement à l'instant de percuter le titre). Une jolie histoire, assez touchante, mais aussi dérangeante.

- Hypnophobie (Franck Stevens) : M. Varlet est suivi par un psychiatre pour des troubles du sommeil. Il dort mal, et depuis la mort de sa femme ça empire. Le psychiatre le met sous surveillance pour découvrir que l'homme fait toujours le même genre de songes qui se terminent immanquablement en cauchemar. Quelque chose effraie et fait souffir M. Varlet dans son sommeil. Est-ce une bonne idée de s'entêter à découvrir ce qui se passe dans la tête du patient ? Récit bien sympa, entraînant, même si le sujet a déjà été vu, cela reste une bonne proposition.

- Derrière les yeux, le père (Phil Becker) : Séverin n'a pas la vie facile avec son père, Erik, qui le mène à la baguette, entre autres sport à hautes doses et interdiction de se blesser. Sans parler de sa mère au grenier, sa mère, sa punition lorsqu'il ne se conduit pas bien. Et si ce n'était que cela. Intéressante et plaisante histoire d'horreur, parfois dure (miam, même si ça reste léger).

- La cuvée du condamné (Guillaume Suzanne) : le héros de l'histoire s'est barricadé dans un bâtiment. A l'extérieur, des ennemis le cernent. Il a un tonneau plein pour s'abreuver, quelques provisions, mais jusqu'à quand ? Une histoire où l'on n'a pas trop de contexte et où certaines clés ne se dévoilent qu'à la fin, j'ai bien aimé la solitude du personnage, bien restranscrite.

- Norvège (Olivier Caruso) : le protagoniste s'est exilé en Norvège après un traumatisme. Mais le Grand Nord n'est peut-être pas fait pour quelqu'un comme lui, quelqu'un qui cherche à fuir ses souvenirs. Bien aimé, pas grand chose à dire, un peu classique mais bien écrit.

- Les Alyscamps (Didier Reboussin) : Henri-Honoré Tardieu est ingénieur aux chemins de fer. Sur le site où il travaille, il a découvert des cercueils dont l'un renferme un corps magnifique. Fasciné, il fait main basse sur le sarcophage et se laisse subjuguer par le mystère. Résolu à en apprendre plus, ll fait appel au père Matthieu. Apprécié sans être transportée.

- Stade terminal (Alexandre Ratel) : Philippe, le père, et Lucas, son fils, pris dans un monde de zombie, ont réussi à pénétrer dans un stade de football. Mais le fils a été mordu récemment, les deux savent que ce n'est qu'une question d'heures. Pas trop fan des zombies, j'ai néanmoins apprécié ce moment entre père et fils que j'ai trouvé touchant.

- La Caverne du Blaireau (Michel Lalet) : mon coup de coeur. Un vieil auteur populaire est interviewé, et il raconte une histoire, celle de Pierrot et Toine, deux enfants en bute à un père violent. Un jour, pour se protéger d'une crise paternelle, Pierrot entraîne son cadet dans une grotte, un lieu magnifique, même si y pénétrer n'est pas simple. Je n'en dis pas plus. C'est une très belle histoire qui m'a fait penser au Labyrinthe de Pan, le film de Guillermo Del Toro. Le même regard sur le merveilleux qui a aussi ses côtés sombres, le même rapport entre celui-ci et la réalité, et le même flou sur ce qui est vrai ou pas. Vraiment beaucoup aimé.

- IT : Les Iris de Titan (Yann Quero) : sur Titan, satellite de Saturne, des petits objets ovoïdes ont été découverts puis ramenés sur Terre. Mais peu après leur arrivée, une étrange épidémie s'est propagée, en cercles concentriques, plongeant les victimes dans un coma profond. Pourquoi ? Que sont ces Iris de Titan ? Comment inverser le processus ? Plutôt original, j'ai bien aimé cette histoire de science-fiction. et ce fléau ramené d'ailleurs.

- Helianthus annuus (I.C. Vita) : Paul, un vieil agriculteur à la veille de moissonner ses tournesols, se repose en vue du travail du lendemain. Il est dérangé par un invité surprise, un homme étrange qui semble fasciné par ses fleurs et qui voudrait qu'elles ne soient pas coupées. Une histoire avec une aura de mystère et une belle chute. Bien aimé.

- Sylvia (Daniel Morellon) : le protagoniste raconte son histoire avec Sylvia qu'il a follement aimé, qu'il a suivie dans ses dérives sexuelles, jusqu'au jour où il n'a plus pu et qu'il s'est jeté par la fenêtre. Mais Sylvia, elle, a continué. Un peu trop classique pour moi, je n'ai pas été surprise. Cependant elle offre un rythme intéressant.

- Perfection (Thomas Spok) : Paul est marié à Vanessa, à ses yeux, la femme parfaite. Tellement parfaite qu'il commence à se sentir mal à l'aise sans arriver à comprendre pourquoi. Sur le conseil d'un ami qui a connu ça, il va chercher à trouver un défaut, juste un, à sa femme, mais ce n'est pas facile. Beaucoup aimé cette histoire avec une fin à laquelle je ne m'attendais pas.

- De l'autre côté de la porte (Marlène Charine) : Clara est chez elle. Clara qui a échappé à son tortionnaire. Mais le voilà de retour, et pour Clara une seule solution, s'enfermer dans la salle de bain. Son agresseur va se poster derrière la porte, il n'est pas pressé, il finira par l'avoir, il n'arrête pas de le lui répéter. J'ai beaucoup aimé le rapport entre la victime et son tortionnaire. Un bémol, on découvre peut-être un peu trop vite le fin mot de l'histoire et la fin est un peu douce pour mes goûts tout à fait personnels.

- Démangez-moi (Annabelle Blangier) : Mona est internée et raconte au docteur Park comment a commencé sa psychose, l'apparition de cette croûte étrange sur son poignet. Bien rédigé mais l'histoire ne m'a pas transportée plus que ça. Pas assez surprenante sans doute et puis des questions en suspens.

- L'antre (Jeff Gauthier) : un récit qui prend place dans la préhistoire, c'est déjà intéressant parce que pas très courant, une bonne plongée dans l'angoisse, peut-être un peu longuet, mais en même temps, ça participe à l'atmosphère. Une tribu est décimée petit à petit par un animal féroce. Pour s'en débarasser, un groupe de cinq volontaires va le traquer au fin fond d'une grotte. Très bonne fin que je n'avais absolument pas vue venir.

- Conte d'été (Elodie Beaussart) : Marguerite est au jardin, elle entend une faible musique, en cherche l'origine et découvre un tout petit être soufflant dans une flûte. Joliment écrit, mais au cours attendu.

- Des plantes, des lèvres, de l'amour pour Oiseux (Raphaël Eymery) : Oiseux a été embauché pour surveiller 97 dépouilles de femmes datant de la seconde guerre mondiale. Des victimes d'une probable expérience nazie. Il doit juste rester là et prévenir si quelque chose se produit. Intéressant, et pourtant il ne se passe pas grand chose, cela vient de l'ambiance et des personnages improbables. Bien aimé.

 

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